Mois : avril 2024

complexe d’oedipe chez l’enfant

article en collaboration pour femme actuelle

Être amoureux du parent du sexe opposé et être en conflit avec le parent du même sexe, c’est le principe du complexe d’Œdipe, qui touche les jeunes enfants. On fait le point avec une psychologue.

Que ce soit pendant la grossesse ou à la naissance d’un enfant, l’annonce de son sexe s’accompagne souvent de remarques telles que : « Oh, un petit garçon, tu vas voir, c’est super, il va être super proche de toi ! » ou au contraire de « Une petite fille ? Dommage, elle va n’avoir d’yeux que pour son papa ! ».

Derrière ces remarques (souvent énervantes, si on peut se permettre), il y a une théorie : les petits garçons seraient amoureux de leur mère et les petites filles de leur père. Plus précisément, il s’agit d’un concept appelé le complexe d’Œdipe ou l’Œdipe. Laurie Eghissian, psychologue clinicienne, nous explique l’origine du complexe d’Œdipe et les réflexes à adopter en tant que parents.

Définition, signification, histoire, mythologie : c’est quoi le complexe d’Œdipe en psychologie ?

« Le complexe d’Œdipe vient de la mythologie grecque, plus précisément du mythe d’Œdipe, dans lequel le personnage va, sans les reconnaître, tuer son père et épouser sa mère », commence Laurie Eghissian. « C’est le psychanalyste Sigmund Freud qui a théorisé cette notion de relation triangulaire de l’enfant avec les parents dans les années 1900 : les petits garçons seraient amoureux de leur mère et les petites filles amoureuses de leur père, l’enfant voulant évincer le parent du même sexe et se marier avec celui du sexe opposé.«  Le complexe d’Œdipe relève ainsi d’un désir inconscient qui fait partie des grandes étapes de l’éveil à la sexualité.

Complexe d’Œdipe : à quel âge peut-il se manifester ?

La psychologue indique que « la plupart des enfants peuvent avoir un passage autour du complexe d’Œdipe, sans différence notoire entre garçons et filles », qui se manifeste la plupart du temps vers l’âge de 3 ans avec la découverte de la différence des sexes et le questionnement qui va avec. Chez les petites filles, le terme « complexe d’Électre » (théorisé par le psychanalyste Carl Jung et également issu de la mythologie grecque) est parfois employé pour évoquer un complexe d’Œdipe inversé, mais il n’est pas reconnu par les professionnels de la santé mentale.

Bon à savoir : Laurie Eghissian précise que l’on parle beaucoup moins du complexe d’Œdipe aujourd’hui, dans la mesure où l’on « remet beaucoup en cause les théories de Freud et que celles-ci sont parfois obsolètes puisque datant du début du 20e siècle. »

Complexe d’Œdipe : comment réagir en tant que parent ?

Face à un enfant qui manifeste un attachement démesuré au parent du sexe opposé, il peut être difficile de savoir comment réagir. « Le mieux à mon sens est d’entendre ce que dit l’enfant et de ne pas se moquer de lui« , répond Laurie Eghissian, qui estime que le sujet peut permettre d’aborder avec l’enfant les notions de rapport amoureux mais aussi de l’interdit de l’inceste, en adaptant bien sûr le discours à son âge. « Il faut lui dire de manière simple qu’il ou elle ne peut pas se marier avec sa maman ou son papa car le mariage se passe entre deux adultes. »

La psychologue insiste sur le fait qu’il faut « éviter par contre d’en faire un combat », notamment en s’entêtant à détromper l’enfant, dans la mesure où c’est une phase tout à fait normale de la constitution de la personnalité, et qu’à l’âge adulte il/elle aura oublié.

Qu’est-ce qui met fin au complexe d’Œdipe ? Comment le résoudre ?

Pour la psychologue, l’entrée à l’école primaire et « ce qu’on appelle l’âge de raison vers 7 ans » met généralement fin au complexe d’Œdipe. « Si l’on a l’impression que le complexe d’Œdipe ne se résout pas spontanément, on peut consulter un.e psychologue qui en tant que personne tierce et neutre peut expliquer et reprendre les notions avec l’enfant », indique-t-elle.

Un complexe d’Œdipe qui dure s’explique souvent en regardant la composition de la famille, affirme Laurie Eghissian : « Il est important de prêter attention à la santé du couple parental et à ce que disent les parents face à l’enfant. Si le couple se dispute beaucoup et que l’un des deux dénigre l’autre, l’enfant peut penser qu’il y a une place à prendre et s’opposer au parent du même sexe. Là encore, se faire aider par un.e professionnel.le pour comprendre ce que pense l’enfant peut être nécessaire. »

angoisse de séparation et sommeil du bébé

La séparation entre un bébé et ses parents n’est pas toujours facile… notamment au moment du coucher. Une psychologue nous explique le phénomène de l’angoisse de séparation et le bon réflexe à adopter pour faciliter les choses et favoriser le bien-être de Bébé.

Lors de ses premiers mois de vie, un bébé passe généralement la plupart de son temps avec l’un de ses parents, qui devient alors sa figure d’attachement. Et quand ce parent doit reprendre le travail au bout de quelques mois, la mise en place d’un mode de garde (qu’il s’agisse de la crèche ou d’une assistante maternelle) conduit de facto à une séparation entre Bébé et sa figure d’attachement et peut être difficile. C’est ce qu’on appelle l’angoisse de séparation (et de nombreux parents en ont déjà fait l’expérience).

On a voulu en savoir plus sur l’impact de ce trouble anxieux sur le sommeil de BébéLaurie Eghissian, psychologue clinicienne, nous dit tout sur l’angoisse de séparation et comment éviter qu’il ne pèse sur les nuits de votre enfant.

Angoisse de séparation chez bébé : comment la reconnaître ?

« On appelle angoisse de séparation ou anxiété de séparation le fait que lorsque l’enfant quitte son parent figure d’attachement et ne le voit plus, cela se traduit par des pleurs intenses« , explique Laurie Eghissian, qui ajoute que lorsque Bébé se retrouve en présence d’inconnus ou avec des personnes qu’il/elle ne voit pas souvent (il peut s’agir des grands-parents, d’un.e baby-sitter…), il/elle pleure également.

A quel âge l’angoisse de séparation apparaît et quand s’arrête-t-elle ?

L’angoisse de séparation est d’ailleurs aussi appelée angoisse du huitième mois car « elle apparaît vers l’âge de 8 mois et l’on s’est rendu compte dans les études scientifiques que sur le plan sensoriel, cela correspond à l’âge où l’enfant a une bonne vision des personnes et qu’il/elle se rendrait compte des visages connus et inconnus ».

La psychologue admet que beaucoup de bébés connaissent ce trouble anxieux, mais qu’il n’est pas obligatoire de passer par cette phase et que « bien heureusement, il arrive de moins en moins car on tient plus compte de cette peur qu’avant et qu’on explique au bébé ce qu’il va se passer, notamment via des phases d’adaptation sur plusieurs jours avec le parent et la personne qui va le garder ».

Angoisse de séparation la nuit : l’importance des rituels de coucher pour favoriser le sommeil

Pour notre experte, le moment du coucher est effectivement propice à l’anxiété de séparation et peut impacter le sommeil de Bébé si la séparation n’a pas été assez préparée. « De nombreux bébés ont besoin de rituels du coucher répétitifs comme lire une histoire, écouter une musique ou encore allumer une veilleuse, sans quoi ils ne sont pas prêts », indique-t-elle, bien que chaque bébé soit différent et n’ait pas les mêmes besoins en termes de préparation à la séparation.

Laurie Eghissian estime que l’angoisse de séparation peut également se produire chez des enfants qui n’ont habituellement pas de problème à se mettre au lit « si la séparation a été brutale et n’a pas pu être anticipée, notamment dans le cas d’un accident de la vie ou de la maladie d’un parent ».

Comment calmer l’angoisse de séparation ?

Qu’elle se produise la journée ou le soir, il n’y qu’une façon de calmer une anxiété de séparation : « Pour aider Bébé à surmonter cette expérience, il faut communiquer avec lui, lui parler et lui expliquer ce qu’il va se passer et mettre des mots sur les émotions qu’il manifeste et ressent. » Dans la mesure du possible, la psychologue conseille de préparer les séparations avec des rituels et des objets, notamment un doudou, et rassure sur le fait que ce trouble anxieux se résout en général avec le temps.

Si toutefois il persiste et devient handicapant (par exemple dans le cas d’un bébé qui pleure toute la journée dans son mode de garde), alors elle recommande de consulter le/la pédiatre de l’enfant ou un.e psychologue afin de trouver d’où vient le problème.