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Quand une mère est à bout, il suffit parfois d’un petit rien pour dégoupiller : cris, reproches, pleurs tout y est. Sauf qu’en face, il y a les kids. Et la culpabilisation à la clé. Nos clés pour mieux comprendre cet état de rage maternelle, et l’éviter.

l y a l’énième bêtise ou oubli de trop et c’est la goutte d’eau. Maman explose et, sous le coup de l’émotion, les mots dépassent bien souvent la pensée. Elle se retrouve dans un état de colère extrême, qui semble inné et incontrôlable : c’est la rage maternelle. Ce que ça traduit ? « Un sentiment d’être à bout et d’avoir accumulé beaucoup de frustrations, qui ressortent toutes en même temps », analyse Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité. Sur les réseaux sociaux, les mères ayant le sentiment de se transformer en dragonnes sont nombreuses à témoigner en ce sens. Tant et si bien que le concept de Mom rage y a fait son apparition.

La goutte de trop
Les mères ayant éprouvé de la rage le disent toutes : c’est l’accumulation des faits, et non pas une grosse bêtise, qui les a fait basculer. Claire, maman de deux garçons de 9 et 13 ans, en témoigne « la plupart du temps, les pétages de câble résultent d’une accumulation : je finis par exploser pour un détail complètement insignifiant. Par exemple, ils font tomber quelque chose par terre et je n’en peux plus du bruit. Souvent, on finit par en rire tellement c’est absurde ». Une situation qu’explique Laurie Eghissian en prenant l’image de l’iceberg, avec la partie émergée et la partie immergée, bien plus imposante : « Au lieu de traiter les sujets les uns à la suite des autres, on les garde, cela s’accumule et à un moment il y a un trop plein. » D’autant qu’à ces faits s’ajoutent (toujours sur la partie invisible de l’iceberg) tout un tas d’autres facteurs comme la fatigue, le stress, la vie professionnelle, l’isolement, le manque de soutien…

Un lien avec l’enfant intérieur
Une autre piste expliquant la Mum rage a été soulevée fin 2023 par Shelly Robinson. Cette mère, qui se présente comme coach parentale certifiée sur son compte Instagram @raising_yourself, a rencontré un réel succès avec la publication d’une vidéo visionnée plus d’un million de fois. Elle y fait un lien entre la rage maternelle et les blessures de notre enfant intérieur, en 5 points :

« Quand nos enfants nous « répondent », la colère que l’on ressent peut venir du fait qu’on n’a soi-même jamais été écouté quand on était enfant
La rage éprouvée quand l’enfant n’écoute pas « peut révéler la blessure de ne pas avoir été écouté en tant qu’enfant »
Si notre enfant dépasse les limites qu’on a fixées, la rage ressentie « peut révéler que personne n’a honoré nos limites quand nous étions enfants »
Quand l’enfant n’est pas d’accord avec nous, la colère peut être liée au fait qu’on ne s’est pas senti en sécurité pour exprimer nos désaccords quand on était enfant
Quand nos enfants se conduisent mal en public, « notre colère peut révéler la honte que nos parents nous ont imposée pour avoir fait des colères en public ». »

Cette analyse, Laurie Eghissian la partage : « la notion d’enfant intérieur n’est pas connue du grand public alors que cela vaut la peine de s’y attarder. La question des émotions également, les générations antérieures n’en tenaient pas compte, c’est récent que l’on s’y intéresse et que l’on travaille dessus avec les enfants. »

Colère ou rage maternelle ?
Pas toujours facile de faire la différence entre les deux. Dans le dictionnaire en ligne de l’Académie française, la colère est définie comme une “ émotion violente, sentiment de fureur provoqué par ce qui irrite ou contrecarre“, et la rage comme “ transport de dépit, de colère, de haine, de cruauté, etc. porté au plus haut degré “. Un niveau d’écart sépare donc ces deux notions. « Toutes les mères ne rencontrent pas forcément cette rage, mais de la colère, oui. Cela dépend de tout un tas de facteurs, dans quel environnement on a grandi en tant qu’enfant, si nos émotions étaient prises en compte, ce que l’on a pu observer de ses parents et du schéma familial qui peut se répéter », éclaire la psychologue clinicienne.

Autre point différenciant : la culpabilité, qui n’est pas systématiquement ressentie après une colère, mais semble s’imposer dans le cadre de la rage maternelle. « Il y a de la culpabilité car les mères s’en veulent de leur comportement, et de n’avoir pas pu se contrôler et expliquer pourquoi une telle colère. Il y a aussi un paradoxe entre ce qui est véhiculé dans la société de la « bonne » mère et la réalité, ce qui peut rajouter de la culpabilité aux mères de pas réussir à correspondre à cette image », poursuit la professionnelle de santé.

Comment éviter la rage maternelle ?
Quand la pression monte, trouvez sans attendre un moyen de la faire redescendre. Pour ce faire, vous pouvez :

Vous isoler (assurez-vous que vos enfants sont sous la surveillance d’un adulte),
Respirer doucement et profondément,
Ecouter une musique qui vous fait du bien,
Crier dans un coussin (ou même taper dedans),
Aller marcher ou faire du sport,
Appeler à l’aide. Demander un coup de pouce n’a rien d’un signe de faiblesse, bien au contraire.
Et la rage paternelle alors ?
Si la Mom rage fait de plus en plus parler (c’est notamment l’objet de l’épisode 160 du podcast La matrescence, de Clémentine Sarlat), la version paternelle fait figure de grande absente dans le paysage parental. Rassurez-vous, elle existe pourtant bien, mais elle est invisibilisée car plus acceptée : qu’un homme sorte de ses gonds n’est pas notifié car imputé d’office à son sexe, contrairement à une femme, à qui l’on octroie par défaut l’étiquette de la douceur . « On parle peu car c’est un sujet tabou, la société a du mal à accepter que les mères puissent ressentir de la colère, comme si cette émotion était une émotion « masculine ». Dans d’autres pays comme le Canada c’est une notion un peu plus répandue », conclut notre intervenante.

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