Mois : février 2025

suis-je une bonne mère si je laisse mon enfant dormir avec moi?

Article en collaboration avec Magic Maman

Ces mamans dorment un peu, beaucoup, voire souvent avec leurs enfants. Cela fait-il pour autant d’elles de mauvaises mères ? Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, nous éclaire.

Sommaire
Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
« Elle a 6 ans et on dort avec elle de temps en temps pendant les vacances, elle aime bien et ça nous rappelle quand elle était toute petite. »

« Impossible de les coucher en même temps dans leur chambre partagée, donc je couche ma fille de 4 ans dans mon lit pour l’endormir. Ensuite, je la porte dans son lit mais le plus souvent, je dors avec elle. Il arrive qu’elle m’appelle la nuit, comme je n’ai alors pas à me lever pour lui répondre, je me rendors très vite et elle aussi. »

« Quand ils étaient petits, j’avais peur de leur donner de « mauvaises habitudes » et qu’ils ne réussissent plus à dormir dans leur lit. Mais maintenant, ils ont 7 et 12 ans, et j’aime bien ce petit rituel du week-end et des vacances. On regarde un film et on s’endort ensemble. J’aime bien les sentir contre moi, les renifler, c’est ma plénitude et ma récompense de la semaine. J’en profite avant qu’ils ne veuillent plus ! « 

« Je ne dors jamais avec ma fille de 4 ans et demi car elle bouge trop. Les rares fois où j’ai tenté, son père était absent, et j’ai terminé avec un pied dans la figure et sans couette… J’ai longtemps dormi avec ma maman car mon père était en déplacement toute la semaine : on faisait des roulements avec mes frères, donc ça ne me dérange pas dans l’idée, j’ai toujours trouvé ça très cool, petite ! « 

Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Ces témoignages de mamans l’illustrent bien : dormir avec leur enfant est un moment chéri pour la majorité. L’occasion de partager des moments de douceur et de plénitude, que bon nombre saisissent. « C’est assez courant, tant que l’enfant est petit, car c’est une période qui passe vite et l’enfant, en grandissant, aura envie de son espace et indépendance », adoube Laurie Eghissian, psychologue. De son point de vue, cela ne traduit pas quelque chose de particulier chez la maman, bien qu’elle précise que cela dépend des mères « du besoin qu’elles ressentent, mais aussi de l’éducation qu’elles ont reçu en tant que bébé et enfant sur le sommeil. Parfois, certaines mères dorment avec leur enfant, car elles ont peur qu’il lui arrive quelque chose pendant leur sommeil, mais cela reste des cas exceptionnels ». Son conseil alors ? Consulter un professionnel de santé pour comprendre et évacuer les angoisses à ce sujet.

L’anxiété est un état qui peut motiver l’enfant à dormir avec sa maman. Lorsque la demande se répète, lui aussi peut bénéficier d’un accompagnement médical visant à soigner les raisons qui perturbent son sommeil.

Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
S’il est bien une réflexion courante, c’est celle-ci : « ne dors pas avec lui aussi souvent, tu vas lui créer de mauvaises habitudes et il ne pourra plus s’en passer ». Un point de vue très occidental, puisqu’en fonction des origines, dormir avec son enfant peut relever des mœurs. Quant aux conséquences pour l’enfant, elles ne sont pas nécessairement négatives, bien au contraire. « Je ne pense pas que dormir avec son enfant lui donne de mauvaises habitudes, tout est une question d’équilibre dans la famille, le couple, et l’important, c’est que cela convienne à la famille. Tant qu’il est petit, l’enfant va être rassuré de dormir avec son parent et cela va lui créer une base de sécurité qui lui permettra d’être plus autonome en grandissant », analyse notre intervenante.

Si dormir avec son enfant peut débuter par un besoin de réassurance, pas toujours facile de déterminer à quel moment cela bascule dans l’habitude, tant pour lui que pour sa maman. Dans le premier cas, il s’agit bien souvent de périodes particulières, comme l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille, une maladie, une séparation des parents, mais aussi des événements dont on peut sous-estimer l’impact pour un petit, tel qu’un changement de lit. « Cela peut basculer dans l’habitude pour l’enfant ou pour la maman, quand on remarque qu’il n’y a plus de problématique liée au sommeil et que cela pose problème dans la famille. La maman, en tant qu’adulte, peut s’interroger sur pourquoi l’enfant continue à dormir avec elle ? Si cela la dérange, elle ne doit pas hésiter à en parler avec un professionnel de santé pour faire le point là-dessus. Il arrive qu’on laisse les choses évoluer par habitude, sans se réinterroger », explique la psychologue.

Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Quand papa n’est pas là (ou plus là), l’enfant n’a pas à prendre sa place : il peut garder la sienne, même en dormant avec vous. On s’explique.
Ce qui entre en jeu, c’est la raison pour laquelle l’enfant vient dormir avec son parent. « Si c’est un besoin de réassurance ponctuel, cela ne pose pas de problème particulier, mais si c’est récurrent et que l’on sent que l’enfant essaye de prendre une place qui n’est pas la sienne, par exemple un petit garçon qui dort avec sa mère quand le père n’est pas là ou parce que ses parents sont séparés et qui, inconsciemment, veut prendre la place d’homme : cela peut être problématique », poursuit la spécialiste. Idem à l’inverse : si la mère est incapable de dormir seule, elle aussi peut faire appel à un professionnel de santé pour l’aider. Il en va de son bien-être, et par ricochet, de celui de son enfant. Il n’y a aucune honte à cela.
Quant au fait de dormir avec son enfant pour avoir à éviter de se lever dans la nuit lors de ses réveils nocturnes, cela peut être une solution de facilité en cas de fatigue. Toutefois, il existe d’autres leviers à actionner afin de le rassurer. Voici ceux conseillés par Laurie Eghissian :
mettre en place des rituels de coucher,
lui proposer un environnement agréable pour dormir, via un lit confortable, un réaménagement de la chambre réalisé ensemble, une petite lumière…
consulter des professionnels (psychologue spécialisé en sommeil) pour voir quel est le problème et proposer un accompagnement adapté.
« En général, je remarque qu’il faut plusieurs semaines avec les mêmes rituels et une répétition dans le temps pour que les problématiques de sommeil rentrent dans l’ordre. Le mot d’ordre, c’est la patience même si parfois, c’est difficile ! Si on explique, que l’on répète à l’enfant que c’est important qu’il dorme dans sa chambre, que l’on est à côté et que l’on est convaincu par ce que l’on dit, cela finit par passer, mais il faut s’armer de courage et ne pas lâcher. Si on lâche, ce qui arrive, ne culpabilisez pas ».

Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
Refuser catégoriquement de dormir avec son enfant, quelle que soit la raison de sa demande, est aussi une réalité pour certains parents. Une décision à remettre en question pour le bien-être de l’enfant ? Pour notre psychologue, cela dépend de la manière dont on le fait. « Si c’est un principe non-négociable pour le parent, on peut l’expliquer à l’enfant et l’accompagner (il ne va pas dormir avec nous, mais on va l’accompagner dans le sommeil, rester près de lui dans sa chambre jusqu’à ce qu’il s’endorme). Si le parent communique sans s’énerver et avec bienveillance, ce sera ok pour l’enfant. L’important, également, c’est de s’écouter en tant que parent, si on accepte de dormir avec l’enfant alors qu’au fond de nous, ce n’est pas ok, que cela nous irrite, l’enfant le sentira et finalement, ce ne sera pas bénéfique pour lui ».

Vous l’aurez compris, votre statut de bonne mère n’est pas à revoir si vous décidez ou non de dormir avec votre enfant, tant que vous faites preuve de recul quant à vos et ses motivations à le faire, et agissez en conséquence pour son bien-être. Vous n’y parvenez pas ? L’aide d’un.e spécialiste n’est pas un signe de défaite, bien au contraire.

suis-je une bonne mère si je ne laisse pas mon enfant gagner aux jeux de société

article en collaboration avec magic maman

Pour cette maman, ne pas laisser gagner son enfant aux jeux de société fait partie de l’apprentissage, du « savoir perdre » et donc « savoir être », mais suite à des réflexions de ses proches, elle se demande si elle fait bien. Eclairage de Laurie Eghissian, psychologue clinicienne.

Sommaire
Ne pas laisser son enfant gagner systématiquement aux jeux de société, ça craint ?
Laisser son enfant perdre aux jeux, une question d’âge ?
Que faire en cas de pleurs lorsque l’enfant perd ?
« Je ne laisse pas mon enfant gagner aux jeux de société. Je me dis qu’il faut qu’elle apprenne à perdre, car la vie c’est aussi ça, ne pas toujours avoir ce qu’on veut. Mais quand je vois son état de tristesse, j’ai tendance à culpabiliser. D’autant que mon entourage me dit que j’abuse, que je pourrais la laisser gagner. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise mère ? J’en viens à douter. » Léa, 37 ans.

Ne pas laisser son enfant gagner systématiquement aux jeux de société, ça craint ?
Bien au contraire ! Apprendre à perdre est important, et même nécessaire, comme le rappelle Laurie Eghissian, psychologue spécialisée en périnatalité : « Dans la vie quotidienne, il y a beaucoup d’occasions de ce type-là et c’est important que l’enfant y soit confronté de temps en temps. »

Quant à la crainte de lui faire perdre sa confiance en elle/lui, elle dépend du parent au moment du jeu, et de ses mots envers son enfant. « Cela ne fait pas perdre confiance à l’enfant si on lui explique, en lui disant que ce n’est grave de perdre, qu’il gagnera la prochaine fois, poursuit la spécialiste. On peut aussi lui apprendre des stratégies à mettre en place pour réussir ». Cela aussi, fait partie du jeu : l’inciter à comprendre pourquoi il a perdu, comment il aurait pu faire pour gagner, ce à quoi il devrait faire attention dans une partie… A réaliser avec un ton doux et complice. « Si on le dévalorise, qu’on se moque de lui car il perd, qu’on lui dit qu’il est nul… Effectivement, l’enfant n’aura plus confiance en lui et en ses capacités. Tout dépend donc du discours et du vocabulaire que l’on va employer. »

Laisser son enfant perdre aux jeux, une question d’âge ?
Plus l’enfant est jeune, plus la tentation de la/le laisser gagner peut être grande. Eventuellement… Si cela est réalisé ponctuellement. « Laisser gagner l’enfant de temps en temps quand il est petit pourquoi pas, mais à mon sens, si c’est systématique, le jour où il sera confronté à la perte, ses réactions émotionnelles peuvent être d’autant plus grandes et difficiles », prévient la psychologue.

Les familles ayant des enfants d’âge rapproché peuvent tenter d’alterner la gagne. Dans ce cas de figure, la spécialiste recommande « d’essayer de trouver un équilibre pour que les deux y trouvent leur compte. On peut également jouer séparément avec chacun des enfants si en fratrie c’est trop compliqué. » L’occasion de passer un moment en tête-à-tête, que l’enfant pourrait d’autant plus apprécier !

Que faire en cas de pleurs lorsque l’enfant perd ?
Pour rassurer un enfant qui pleure parce qu’il a perdu, faire preuve de compassion et de compréhension est clé. « Il faut accueillir sa tristesse. C’est normal de pleurer, d’être déçu. Puis le rassurer et l’encourager en lui disant qu’il va apprendre, qu’il va s’entraîner à ce jeu et que la prochaine fois, il y arrivera encore mieux », conclut Laurie Eghissian. Vous n’êtes donc pas une mauvaise mère si vous ne laissez pas votre gagner à un jeu, bien au contraire, vous contribuez à son apprentissage de la vie. A condition, vous l’avez désormais compris, de le rassurer, de l’encourager et de l’accompagner. A vous de jouer !

suis-je une bonne mère si je ne joue pas avec mon enfant

Article en collaboration avec le magazine magic maman

Ces mamans n’aiment pas jouer avec leurs enfants. Parce qu’ils leur imposent quoi dire et faire, qu’ils sont mauvais joueurs, qu’elles préfèrent les jeux de société à ceux d’imagination… Cela fait-il d’elles de moins bonnes mères pour autant ? Le point avec Laurie Eghissian, psychologue clinicienne.

Jouer avec son enfant n’est pas toujours une partie de plaisir pour ces mamans. Elles nous racontent :

« Je déteste lire les notices et modes d’emploi, donc quand c’est un jeu que je ne connais pas, ça me saoule vite. Et quand je joue avec ma fille, c’est toujours elle qui décide ce que je dois faire, je m’exécute plus que je ne joue. Lorsque je prends des initiatives, il lui arrive de me stopper. » Marine, maman d’un garçon de 7,5 ans et d’une fille de 4,5 ans

« J’aime bien jouer avec eux, sauf quand ma fille veut jouer à la maman et au bébé, car comme je lui dis à chaque fois, ce n’est pas un jeu, c’est ma vie. Alors elle me répond « Mais si tu fais la nounou ? » et moi, « Non c’est pareil pour moi », « Ok tu fais le bébé, tu t’allonges et je m’occupe de toi et après je vais faire les courses », « Franchement ? Non merci vraiment ». » Jeanne maman d’une fille de 4,5 ans et d’un fils de 2 ans

« J’aime bien jouer avec ma fille, mais globalement, il faut faire comme elle veut ! Je résiste, mais parfois elle déshabille toutes les Barbie que j’ai préparées et les réinstalle à sa façon pour faire autrement, donc ça m’agace. » Aurélie, maman d’une fille de 7 ans

« J’aime bien jouer aux jeux de société car il y a un cadre. Je suis moins bonne aux jeux d’imagination type Playmobil. Mais j’aime bien jouer au spa par exemple, quand ce sont des trucs concrets que je connais. » Claire, maman de deux garçons, de 13 et 8 ans

Je n’aime pas jouer avec mon enfant, ça craint pour lui ou elle ?
Jouer avec son enfant favorise son développement, tant sur le plan moteur, que social, cognitif et émotionnel. Primordial donc. Mais lorsqu’on n’a pas le goût du jeu, la crainte que cela l’affecte peut surgir. Heureusement, en réalité il n’en est rien, comme nous explique Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité « nous pouvons avoir le goût pour d’autres choses et c’est cela que nous allons transmettre à l’enfant et qu’il va retenir. » Quant à l’appréhension qu’il souffre de retard, elle se veut rassurante car  » il rencontre d’autres personnes qui vont partager le jeu avec lui ».

La spécialiste rappelle que le développement de l’enfant passe aussi par son environnement. De facto, s’il va en collectivité (crèche, école, centre de loisirs…), cela va lui permettre de découvrir d’autres jeux qu’il ne fait pas à la maison et de s’enrichir avec les autres enfants et adultes qui l’entourent.

Si je ne joue pas avec mon enfant, notre lien va-t-il en pâtir ?
Dans certaines familles, un seul des deux parents joue avec l’enfant. Cela ne signifie pas que l’autre le délaisse, mais qu’il s’implique (a priori) sur d’autres pans. Un fait qu’un enfant est parfaitement capable d’assimiler, sans pour autant que le lien avec le parent qui ne joue pas ou peu avec lui, s’en trouve amoindri. « Un enfant est capable de créer un lien avec chacun de ses parents en fonction de qui est le parent. L’enfant sait qu’avec l’un, il partage certains types de jeux, et qu’avec l’autre, c’est autre chose, comme faire la cuisine, du sport, de la musique, de la lecture… », éclaire la psychologue.

Comment expliquer à mon enfant que je n’aime pas ses jeux ?
Refuser à son enfant de jouer avec lui sans lui expliquer pourquoi n’est pas constructif. Pour autant, lorsque c’est son choix de jeu qui justifie le refus, faut-il vraiment le lui dire ? Pour notre experte, ce n’est pas un problème tant que l’explication reste simple. Elle donne cet exemple : « Maman n’aime pas jouer aux legos, mais par contre, quand j’étais petite, je faisais beaucoup de puzzle. Est-ce que tu veux en faire avec moi, que je te montre ? ». Donner une explication demeure optionnel, l’alternative pouvant tout à fait se suffire à elle-même.

Lorsque ce n’est pas le choix du jeu, mais sa façon d’y jouer qui pose problème, alors la mise en place de certaines règles au préalable peut aider. « Cela peut être utile, tout comme faire participer l’enfant à la décision, pour qu’il ait envie de suivre ces règles ». Laurie Eghissian conseille alors de ne pas être trop stricte, afin que les règles aient du sens pour l’enfant et qu’elles soient constructives au quotidien. D’autant que si certains petits ont tendance à tout contrôler durant les jeux, cela peut relever de leur personnalité, mais aussi, comme la psychologue le souligne « de ce qu’ils observent du comportement de leur parent avec eux ». Miroir, mon beau miroir…

Bon à savoir

Les activités ludiques permettent de réduire le stress des enfants et celui de leur parent. « A condition qu’ils lâchent prise et puissent retrouver leur âme d’enfant », conclut la psychologue. Alors, cap ou pas cap ?