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Article en collaboration avec Magic Maman

Ces mamans dorment un peu, beaucoup, voire souvent avec leurs enfants. Cela fait-il pour autant d’elles de mauvaises mères ? Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, nous éclaire.

Sommaire
Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
« Elle a 6 ans et on dort avec elle de temps en temps pendant les vacances, elle aime bien et ça nous rappelle quand elle était toute petite. »

« Impossible de les coucher en même temps dans leur chambre partagée, donc je couche ma fille de 4 ans dans mon lit pour l’endormir. Ensuite, je la porte dans son lit mais le plus souvent, je dors avec elle. Il arrive qu’elle m’appelle la nuit, comme je n’ai alors pas à me lever pour lui répondre, je me rendors très vite et elle aussi. »

« Quand ils étaient petits, j’avais peur de leur donner de « mauvaises habitudes » et qu’ils ne réussissent plus à dormir dans leur lit. Mais maintenant, ils ont 7 et 12 ans, et j’aime bien ce petit rituel du week-end et des vacances. On regarde un film et on s’endort ensemble. J’aime bien les sentir contre moi, les renifler, c’est ma plénitude et ma récompense de la semaine. J’en profite avant qu’ils ne veuillent plus ! « 

« Je ne dors jamais avec ma fille de 4 ans et demi car elle bouge trop. Les rares fois où j’ai tenté, son père était absent, et j’ai terminé avec un pied dans la figure et sans couette… J’ai longtemps dormi avec ma maman car mon père était en déplacement toute la semaine : on faisait des roulements avec mes frères, donc ça ne me dérange pas dans l’idée, j’ai toujours trouvé ça très cool, petite ! « 

Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Ces témoignages de mamans l’illustrent bien : dormir avec leur enfant est un moment chéri pour la majorité. L’occasion de partager des moments de douceur et de plénitude, que bon nombre saisissent. « C’est assez courant, tant que l’enfant est petit, car c’est une période qui passe vite et l’enfant, en grandissant, aura envie de son espace et indépendance », adoube Laurie Eghissian, psychologue. De son point de vue, cela ne traduit pas quelque chose de particulier chez la maman, bien qu’elle précise que cela dépend des mères « du besoin qu’elles ressentent, mais aussi de l’éducation qu’elles ont reçu en tant que bébé et enfant sur le sommeil. Parfois, certaines mères dorment avec leur enfant, car elles ont peur qu’il lui arrive quelque chose pendant leur sommeil, mais cela reste des cas exceptionnels ». Son conseil alors ? Consulter un professionnel de santé pour comprendre et évacuer les angoisses à ce sujet.

L’anxiété est un état qui peut motiver l’enfant à dormir avec sa maman. Lorsque la demande se répète, lui aussi peut bénéficier d’un accompagnement médical visant à soigner les raisons qui perturbent son sommeil.

Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
S’il est bien une réflexion courante, c’est celle-ci : « ne dors pas avec lui aussi souvent, tu vas lui créer de mauvaises habitudes et il ne pourra plus s’en passer ». Un point de vue très occidental, puisqu’en fonction des origines, dormir avec son enfant peut relever des mœurs. Quant aux conséquences pour l’enfant, elles ne sont pas nécessairement négatives, bien au contraire. « Je ne pense pas que dormir avec son enfant lui donne de mauvaises habitudes, tout est une question d’équilibre dans la famille, le couple, et l’important, c’est que cela convienne à la famille. Tant qu’il est petit, l’enfant va être rassuré de dormir avec son parent et cela va lui créer une base de sécurité qui lui permettra d’être plus autonome en grandissant », analyse notre intervenante.

Si dormir avec son enfant peut débuter par un besoin de réassurance, pas toujours facile de déterminer à quel moment cela bascule dans l’habitude, tant pour lui que pour sa maman. Dans le premier cas, il s’agit bien souvent de périodes particulières, comme l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille, une maladie, une séparation des parents, mais aussi des événements dont on peut sous-estimer l’impact pour un petit, tel qu’un changement de lit. « Cela peut basculer dans l’habitude pour l’enfant ou pour la maman, quand on remarque qu’il n’y a plus de problématique liée au sommeil et que cela pose problème dans la famille. La maman, en tant qu’adulte, peut s’interroger sur pourquoi l’enfant continue à dormir avec elle ? Si cela la dérange, elle ne doit pas hésiter à en parler avec un professionnel de santé pour faire le point là-dessus. Il arrive qu’on laisse les choses évoluer par habitude, sans se réinterroger », explique la psychologue.

Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Quand papa n’est pas là (ou plus là), l’enfant n’a pas à prendre sa place : il peut garder la sienne, même en dormant avec vous. On s’explique.
Ce qui entre en jeu, c’est la raison pour laquelle l’enfant vient dormir avec son parent. « Si c’est un besoin de réassurance ponctuel, cela ne pose pas de problème particulier, mais si c’est récurrent et que l’on sent que l’enfant essaye de prendre une place qui n’est pas la sienne, par exemple un petit garçon qui dort avec sa mère quand le père n’est pas là ou parce que ses parents sont séparés et qui, inconsciemment, veut prendre la place d’homme : cela peut être problématique », poursuit la spécialiste. Idem à l’inverse : si la mère est incapable de dormir seule, elle aussi peut faire appel à un professionnel de santé pour l’aider. Il en va de son bien-être, et par ricochet, de celui de son enfant. Il n’y a aucune honte à cela.
Quant au fait de dormir avec son enfant pour avoir à éviter de se lever dans la nuit lors de ses réveils nocturnes, cela peut être une solution de facilité en cas de fatigue. Toutefois, il existe d’autres leviers à actionner afin de le rassurer. Voici ceux conseillés par Laurie Eghissian :
mettre en place des rituels de coucher,
lui proposer un environnement agréable pour dormir, via un lit confortable, un réaménagement de la chambre réalisé ensemble, une petite lumière…
consulter des professionnels (psychologue spécialisé en sommeil) pour voir quel est le problème et proposer un accompagnement adapté.
« En général, je remarque qu’il faut plusieurs semaines avec les mêmes rituels et une répétition dans le temps pour que les problématiques de sommeil rentrent dans l’ordre. Le mot d’ordre, c’est la patience même si parfois, c’est difficile ! Si on explique, que l’on répète à l’enfant que c’est important qu’il dorme dans sa chambre, que l’on est à côté et que l’on est convaincu par ce que l’on dit, cela finit par passer, mais il faut s’armer de courage et ne pas lâcher. Si on lâche, ce qui arrive, ne culpabilisez pas ».

Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
Refuser catégoriquement de dormir avec son enfant, quelle que soit la raison de sa demande, est aussi une réalité pour certains parents. Une décision à remettre en question pour le bien-être de l’enfant ? Pour notre psychologue, cela dépend de la manière dont on le fait. « Si c’est un principe non-négociable pour le parent, on peut l’expliquer à l’enfant et l’accompagner (il ne va pas dormir avec nous, mais on va l’accompagner dans le sommeil, rester près de lui dans sa chambre jusqu’à ce qu’il s’endorme). Si le parent communique sans s’énerver et avec bienveillance, ce sera ok pour l’enfant. L’important, également, c’est de s’écouter en tant que parent, si on accepte de dormir avec l’enfant alors qu’au fond de nous, ce n’est pas ok, que cela nous irrite, l’enfant le sentira et finalement, ce ne sera pas bénéfique pour lui ».

Vous l’aurez compris, votre statut de bonne mère n’est pas à revoir si vous décidez ou non de dormir avec votre enfant, tant que vous faites preuve de recul quant à vos et ses motivations à le faire, et agissez en conséquence pour son bien-être. Vous n’y parvenez pas ? L’aide d’un.e spécialiste n’est pas un signe de défaite, bien au contraire.

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