Article en collaboration avec le magazine magic maman
Ces mamans n’aiment pas jouer avec leurs enfants. Parce qu’ils leur imposent quoi dire et faire, qu’ils sont mauvais joueurs, qu’elles préfèrent les jeux de société à ceux d’imagination… Cela fait-il d’elles de moins bonnes mères pour autant ? Le point avec Laurie Eghissian, psychologue clinicienne.
Jouer avec son enfant n’est pas toujours une partie de plaisir pour ces mamans. Elles nous racontent :
« Je déteste lire les notices et modes d’emploi, donc quand c’est un jeu que je ne connais pas, ça me saoule vite. Et quand je joue avec ma fille, c’est toujours elle qui décide ce que je dois faire, je m’exécute plus que je ne joue. Lorsque je prends des initiatives, il lui arrive de me stopper. » Marine, maman d’un garçon de 7,5 ans et d’une fille de 4,5 ans
« J’aime bien jouer avec eux, sauf quand ma fille veut jouer à la maman et au bébé, car comme je lui dis à chaque fois, ce n’est pas un jeu, c’est ma vie. Alors elle me répond « Mais si tu fais la nounou ? » et moi, « Non c’est pareil pour moi », « Ok tu fais le bébé, tu t’allonges et je m’occupe de toi et après je vais faire les courses », « Franchement ? Non merci vraiment ». » Jeanne maman d’une fille de 4,5 ans et d’un fils de 2 ans
« J’aime bien jouer avec ma fille, mais globalement, il faut faire comme elle veut ! Je résiste, mais parfois elle déshabille toutes les Barbie que j’ai préparées et les réinstalle à sa façon pour faire autrement, donc ça m’agace. » Aurélie, maman d’une fille de 7 ans
« J’aime bien jouer aux jeux de société car il y a un cadre. Je suis moins bonne aux jeux d’imagination type Playmobil. Mais j’aime bien jouer au spa par exemple, quand ce sont des trucs concrets que je connais. » Claire, maman de deux garçons, de 13 et 8 ans
Je n’aime pas jouer avec mon enfant, ça craint pour lui ou elle ?
Jouer avec son enfant favorise son développement, tant sur le plan moteur, que social, cognitif et émotionnel. Primordial donc. Mais lorsqu’on n’a pas le goût du jeu, la crainte que cela l’affecte peut surgir. Heureusement, en réalité il n’en est rien, comme nous explique Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité « nous pouvons avoir le goût pour d’autres choses et c’est cela que nous allons transmettre à l’enfant et qu’il va retenir. » Quant à l’appréhension qu’il souffre de retard, elle se veut rassurante car » il rencontre d’autres personnes qui vont partager le jeu avec lui ».
La spécialiste rappelle que le développement de l’enfant passe aussi par son environnement. De facto, s’il va en collectivité (crèche, école, centre de loisirs…), cela va lui permettre de découvrir d’autres jeux qu’il ne fait pas à la maison et de s’enrichir avec les autres enfants et adultes qui l’entourent.
Si je ne joue pas avec mon enfant, notre lien va-t-il en pâtir ?
Dans certaines familles, un seul des deux parents joue avec l’enfant. Cela ne signifie pas que l’autre le délaisse, mais qu’il s’implique (a priori) sur d’autres pans. Un fait qu’un enfant est parfaitement capable d’assimiler, sans pour autant que le lien avec le parent qui ne joue pas ou peu avec lui, s’en trouve amoindri. « Un enfant est capable de créer un lien avec chacun de ses parents en fonction de qui est le parent. L’enfant sait qu’avec l’un, il partage certains types de jeux, et qu’avec l’autre, c’est autre chose, comme faire la cuisine, du sport, de la musique, de la lecture… », éclaire la psychologue.
Comment expliquer à mon enfant que je n’aime pas ses jeux ?
Refuser à son enfant de jouer avec lui sans lui expliquer pourquoi n’est pas constructif. Pour autant, lorsque c’est son choix de jeu qui justifie le refus, faut-il vraiment le lui dire ? Pour notre experte, ce n’est pas un problème tant que l’explication reste simple. Elle donne cet exemple : « Maman n’aime pas jouer aux legos, mais par contre, quand j’étais petite, je faisais beaucoup de puzzle. Est-ce que tu veux en faire avec moi, que je te montre ? ». Donner une explication demeure optionnel, l’alternative pouvant tout à fait se suffire à elle-même.
Lorsque ce n’est pas le choix du jeu, mais sa façon d’y jouer qui pose problème, alors la mise en place de certaines règles au préalable peut aider. « Cela peut être utile, tout comme faire participer l’enfant à la décision, pour qu’il ait envie de suivre ces règles ». Laurie Eghissian conseille alors de ne pas être trop stricte, afin que les règles aient du sens pour l’enfant et qu’elles soient constructives au quotidien. D’autant que si certains petits ont tendance à tout contrôler durant les jeux, cela peut relever de leur personnalité, mais aussi, comme la psychologue le souligne « de ce qu’ils observent du comportement de leur parent avec eux ». Miroir, mon beau miroir…
Bon à savoir
Les activités ludiques permettent de réduire le stress des enfants et celui de leur parent. « A condition qu’ils lâchent prise et puissent retrouver leur âme d’enfant », conclut la psychologue. Alors, cap ou pas cap ?