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article en collaboration avec magic maman

Attendre un enfant, c’est (re)découvrir un tourbillon d’émotions. Voici quelques clés pour mieux appréhender et gérer les angoisses de grossesse et autres inquiétudes.

Sommaire
La matrescence : on ne naît pas mère, on le devient
La sensibilité enceinte
Un nouveau corps pour une nouvelle vie
La gêne de la nudité enceinte
La vie sexuelle enceinte
Enceinte, vous n’êtes pas seule
Charge mentale, difficulté à cumuler sous peu le statut de mère à celui de femme, peur de ne pas réussir à tout mener de front, acceptation de l’impossibilité de contrôler totalement sa maternité, crainte de la dépression post-partum… Voici, en sus, les principaux troubles rencontrés par les patientes enceintes que reçoit Laurie Eghissian, psychologue clinicienne, spécialisée en périnatalité. Et leurs cas sont loin d’être isolés. Les symptômes dépressifs et les symptômes anxieux anténataux font l’objet d’une attention grandissante de la part des scientifiques et instances gouvernementales. Ainsi, en mars 2017, la World Psychiatric Association (WPA) a publié le « WPA Perinatal Mental Health Position Statement », un énoncé de positions sur la santé mentale prénatale rédigé par douze experts de huit pays différents, comprenant une douzaine de recommandations à l’intention des décideurs et des soignants en périnatalité. De son côté, la Haute autorité de santé (HAS) a rappelé, en novembre 2020, qu’en France, environ 12,5 % des femmes enceintes ont déclaré une détresse psychologique anténatale, dans le cadre de l’étude Elfe. La HAS doit rendre ses recommandations sur les pratiques, l’organisation de la prise en charge et l’accompagnement spécifiques à la période périnatale en ce mois de janvier 2022, à l’heure où nous bouclons ce numéro.

La matrescence : on ne naît pas mère, on le devient
Cet adage inspiré de Simone de Beauvoir résume parfaitement la complexité de la maternité, qui débute dès la grossesse, première période de grands bouleversements de l’aventure parentale. À commencer par la notion d’identité, fortement chamboulée. « Chez la femme, on entend de plus en plus parler de “matrescence”, contraction entre les mots maternité et adolescence, qui évoque cette crise identitaire. Toutes les femmes ne vivent pas ces changements de la même façon, mais je pense que l’on peut parler de crise identitaire, affirme notre psychologue. Cette nouvelle identité de mère n’est pas innée et va se construire pendant la grossesse et tout au long de la vie de parent, avec ce que nos parents nous ont transmis, notre environnement et la rencontre avec notre bébé. »

La sensibilité enceinte
Face aux réactions parfois excessives, ou tout du moins jugées comme telles, il est tentant penser que la grossesse plonge les femmes dans un état particulier, où les émotions sont exacerbées, et les réactions associées aussi. Une relation de cause à effet loin d’être avérée. « À mon sens, il n’y a pas d’hypersensibilité propre à la grossesse. Chaque femme enceinte va réagir avec ce qu’elle est. Certaines sont plus sensibles que d’autres à certaines émotions, en fonction des maux de grossesse ressentis, du contexte dans lequel est arrivée cette grossesse et de son entourage proche (partenaire, famille, amis) », éclaire Laurie Eghissian. Pour aider les futures mamans à gérer leur anxiété, leur émotivité et leurs changements d’humeur, elle propose plusieurs pistes :

échanger avec un professionnel de santé bienveillant (sage-femme, gynécologue, psychologue…).
suivre des séances de préparation à la naissance comme la sophrologie, le yoga prénatal ou l’hypnose, qui peuvent aider dans la gestion des émotions.
faire de l’acupuncture, de l’ostéopathie.
s’adonner à des séances de méditation chez soi.
« L’important, c’est de ne pas rester seule avec ses émotions et de trouver parmi toutes ces propositions celle qui répond à notre besoin », préconise la psychologue.

Fort heureusement, toutes les futures mamans ne sont pas en proie à ces sentiments. Nous avons ainsi rencontré Charlène, notaire et maman de deux enfants de 3 ans et 6 mois, d’un naturel très stressé. Seules exceptions : ses grossesses. « Je ne me suis jamais sentie aussi bien et heureuse », nous a-t-elle confié. Sa source de stress étant majoritairement liée au travail, celle-ci a quasiment disparu lorsqu’elle a pu se concentrer uniquement sur sa vie privée. Un état également rendu possible grâce à un environnement familial et amoureux solide. « La présence de l’entourage est primordiale pour aider la future maman. Concrètement, il s’agit d’être disponible et à son écoute, de lui dire que l’on est là si besoin. Les conseils et les jugements du style “tu devrais faire ci, ça”, “moi, j’ai fait ça” sont à éviter. Ils n’aident pas et ont tendance à culpabiliser. Dans certaines situations, il vaut mieux ne rien dire que de dire des mots blessants », précise la spécialiste.

Un nouveau corps pour une nouvelle vie
Qui dit grossesse dit évolution du corps, ce qui peut être difficile à accepter. Des femmes affirment ainsi vivre très mal leurs nouvelles rondeurs, le risque d’apparition des vergetures, le fait de voir leur ventre bouger… Ce fut notamment le cas de Claire, maman d’un petit garçon de 7 ans : « Ayant du diabète gestationnel, j’ai fait très attention et n’ai pas pris beaucoup de poids. En revanche, j’avais beaucoup de mal à accepter le volume de mon ventre. » Embrasser les changements physiologiques peut passer par l’abandon d’images bien ancrées en soi. « Notre rapport au corps n’est pas toujours simple, notamment par la pression sociale que l’on met sur les femmes depuis l’enfance. Les clichés véhiculés sur les réseaux sociaux n’aident pas à s’accepter et peuvent expliquer le malaise ressenti », confirme Laurie Eghissian, qui conseille de nouveau d’en parler avec un professionnel de santé afin de comprendre les peurs, ce qui gêne, ce que les futures mamans n’aiment pas et, surtout, pourquoi. Dans un même temps, elle rappelle que la communication avec l’autre parent aide à déculpabiliser. « Certaines femmes ont peur que leur partenaire n’aime pas ce nouveau corps, elles n’osent pas en parler alors qu’au contraire, bien souvent, le ou la partenaire aime cette silhouette nouvelle. » À ne pas sous-estimer non plus : les bienfaits des soins et massages pour femmes enceintes, « un excellent moyen de prendre soin de ce nouveau corps et de se l’approprier ».

La gêne de la nudité enceinte
Les visites prénatales sont nombreuses tout au long de la grossesse, et nécessitent, pour beaucoup, de dévoiler votre nudité. Cela peut occasionner des épisodes de gêne, voire d’angoisse. Le spécialiste qui vous reçoit doit vous expliquer le but de votre visite et son déroulé. S’il ne le fait pas ou manque de précisions, c’est l’occasion de lui poser des questions sur les pratiques à venir. Notre experte rappelle ainsi qu’un professionnel de santé bienveillant et à l’écoute ne peut pas vous obliger à vous déshabiller, et que vous êtes en droit de refuser et de changer de médecin ou de sage-femme. Comme l’explique Laurie Eghissian, il faut distinguer, dans la nudité, ce qui est de l’ordre de la gêne et de la nouveauté. « Pour une première grossesse, on fait face à l’inconnu, on a peu de représentations sur ce qui va se passer et il est difficile d’anticiper nos réactions. » En cas de phobie de se retrouver nue, échanger avec un psychologue spécialisé en périnatalité peut aider. « Si l’on ressent un stress face à la nudité, il ne faut pas hésiter à en parler, peu importe le moment de la consultation. » Se sentir en confiance est indispensable, ne vous forcez jamais et, s’il le faut, rencontrez plusieurs spécialistes afin de trouver celui ou celle qui saura vous rassurer.

La vie sexuelle enceinte
Au fil des mois, la vie sexuelle change. Des couples la ralentissent voire la mettent en pause jusqu’à l’accouchement. Émilie, maman de deux enfants, nous confiait faire partie de ces personnes, la peur que cela ait un impact sur le bébé étant chaque fois prédominante. Pourtant, il n’y a aucun danger à avoir une vie sexuelle enceinte. « Au contraire, lors d’une relation sexuelle, notre corps sécrète des hormones comme les endorphines et l’ocytocine, qui sont les hormones du bien-être et de l’amour, ce qui est bon pour le fœtus », rassure notre psychologue. Elle précise qu’être et se sentir désirée, avec son corps en perpétuelle évolution, a du bon pour l’estime de soi. Dans un même temps, elle souligne un autre aspect : le désir, qui peut être perturbé, tant chez la future maman que chez son ou sa partenaire. Parler de ses envies et des potentiels freins rencontrés est alors essentiel. « Ne pas en faire un sujet tabou, dire simplement ce que l’on ressent et ce que l’on aimerait… Il est important d’aborder les choses en partant de soi et non en reprochant à l’autre ce qu’il ne fait pas ou devrait faire. Il faut rappeler que plus on communique en couple, moins il y a de tensions. La sexualité pendant la grossesse peut se vivre de plusieurs façons. Il faut entendre et respecter ses besoins et les besoins de l’autre. »

Enceinte, vous n’êtes pas seule
S’il y a bien une chose à retenir, c’est celle-ci. Et qu’il s’agisse de psychologue, sage-femme ou médecin, n’hésitez à vous faire accompagner à tout moment, même au stade du projet bébé, par des professionnels en périnatalité.

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