Catégorie : parentalité

Article en collaboration avec magic maman: Mom Rage: comment ne pas péter les plombs face aux enfants?

Quand une mère est à bout, il suffit parfois d’un petit rien pour dégoupiller : cris, reproches, pleurs tout y est. Sauf qu’en face, il y a les kids. Et la culpabilisation à la clé. Nos clés pour mieux comprendre cet état de rage maternelle, et l’éviter.

l y a l’énième bêtise ou oubli de trop et c’est la goutte d’eau. Maman explose et, sous le coup de l’émotion, les mots dépassent bien souvent la pensée. Elle se retrouve dans un état de colère extrême, qui semble inné et incontrôlable : c’est la rage maternelle. Ce que ça traduit ? « Un sentiment d’être à bout et d’avoir accumulé beaucoup de frustrations, qui ressortent toutes en même temps », analyse Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité. Sur les réseaux sociaux, les mères ayant le sentiment de se transformer en dragonnes sont nombreuses à témoigner en ce sens. Tant et si bien que le concept de Mom rage y a fait son apparition.

La goutte de trop
Les mères ayant éprouvé de la rage le disent toutes : c’est l’accumulation des faits, et non pas une grosse bêtise, qui les a fait basculer. Claire, maman de deux garçons de 9 et 13 ans, en témoigne « la plupart du temps, les pétages de câble résultent d’une accumulation : je finis par exploser pour un détail complètement insignifiant. Par exemple, ils font tomber quelque chose par terre et je n’en peux plus du bruit. Souvent, on finit par en rire tellement c’est absurde ». Une situation qu’explique Laurie Eghissian en prenant l’image de l’iceberg, avec la partie émergée et la partie immergée, bien plus imposante : « Au lieu de traiter les sujets les uns à la suite des autres, on les garde, cela s’accumule et à un moment il y a un trop plein. » D’autant qu’à ces faits s’ajoutent (toujours sur la partie invisible de l’iceberg) tout un tas d’autres facteurs comme la fatigue, le stress, la vie professionnelle, l’isolement, le manque de soutien…

Un lien avec l’enfant intérieur
Une autre piste expliquant la Mum rage a été soulevée fin 2023 par Shelly Robinson. Cette mère, qui se présente comme coach parentale certifiée sur son compte Instagram @raising_yourself, a rencontré un réel succès avec la publication d’une vidéo visionnée plus d’un million de fois. Elle y fait un lien entre la rage maternelle et les blessures de notre enfant intérieur, en 5 points :

« Quand nos enfants nous « répondent », la colère que l’on ressent peut venir du fait qu’on n’a soi-même jamais été écouté quand on était enfant
La rage éprouvée quand l’enfant n’écoute pas « peut révéler la blessure de ne pas avoir été écouté en tant qu’enfant »
Si notre enfant dépasse les limites qu’on a fixées, la rage ressentie « peut révéler que personne n’a honoré nos limites quand nous étions enfants »
Quand l’enfant n’est pas d’accord avec nous, la colère peut être liée au fait qu’on ne s’est pas senti en sécurité pour exprimer nos désaccords quand on était enfant
Quand nos enfants se conduisent mal en public, « notre colère peut révéler la honte que nos parents nous ont imposée pour avoir fait des colères en public ». »

Cette analyse, Laurie Eghissian la partage : « la notion d’enfant intérieur n’est pas connue du grand public alors que cela vaut la peine de s’y attarder. La question des émotions également, les générations antérieures n’en tenaient pas compte, c’est récent que l’on s’y intéresse et que l’on travaille dessus avec les enfants. »

Colère ou rage maternelle ?
Pas toujours facile de faire la différence entre les deux. Dans le dictionnaire en ligne de l’Académie française, la colère est définie comme une “ émotion violente, sentiment de fureur provoqué par ce qui irrite ou contrecarre“, et la rage comme “ transport de dépit, de colère, de haine, de cruauté, etc. porté au plus haut degré “. Un niveau d’écart sépare donc ces deux notions. « Toutes les mères ne rencontrent pas forcément cette rage, mais de la colère, oui. Cela dépend de tout un tas de facteurs, dans quel environnement on a grandi en tant qu’enfant, si nos émotions étaient prises en compte, ce que l’on a pu observer de ses parents et du schéma familial qui peut se répéter », éclaire la psychologue clinicienne.

Autre point différenciant : la culpabilité, qui n’est pas systématiquement ressentie après une colère, mais semble s’imposer dans le cadre de la rage maternelle. « Il y a de la culpabilité car les mères s’en veulent de leur comportement, et de n’avoir pas pu se contrôler et expliquer pourquoi une telle colère. Il y a aussi un paradoxe entre ce qui est véhiculé dans la société de la « bonne » mère et la réalité, ce qui peut rajouter de la culpabilité aux mères de pas réussir à correspondre à cette image », poursuit la professionnelle de santé.

Comment éviter la rage maternelle ?
Quand la pression monte, trouvez sans attendre un moyen de la faire redescendre. Pour ce faire, vous pouvez :

Vous isoler (assurez-vous que vos enfants sont sous la surveillance d’un adulte),
Respirer doucement et profondément,
Ecouter une musique qui vous fait du bien,
Crier dans un coussin (ou même taper dedans),
Aller marcher ou faire du sport,
Appeler à l’aide. Demander un coup de pouce n’a rien d’un signe de faiblesse, bien au contraire.
Et la rage paternelle alors ?
Si la Mom rage fait de plus en plus parler (c’est notamment l’objet de l’épisode 160 du podcast La matrescence, de Clémentine Sarlat), la version paternelle fait figure de grande absente dans le paysage parental. Rassurez-vous, elle existe pourtant bien, mais elle est invisibilisée car plus acceptée : qu’un homme sorte de ses gonds n’est pas notifié car imputé d’office à son sexe, contrairement à une femme, à qui l’on octroie par défaut l’étiquette de la douceur . « On parle peu car c’est un sujet tabou, la société a du mal à accepter que les mères puissent ressentir de la colère, comme si cette émotion était une émotion « masculine ». Dans d’autres pays comme le Canada c’est une notion un peu plus répandue », conclut notre intervenante.

article en collaboration avec magic maman

suis-je une bonne si je mens à mon enfant?

 » Il y a mensonge et mensonge « , répondront certaines mamans. Mais en réalité, qu’en est-il ? Peut-on classer les types de mensonges ? Quelles répercussions peuvent-ils avoir sur l’enfant et que traduisent-ils de leur mère ? Réponses de Laurie Eghissan, psychologue spécialisée en périnatalité.

Sommaire
Y a-t-il des mensonges plus acceptables que d’autres, lorsqu’ils sont adressés à un enfant ?
Quelles sont les répercussions du mensonge pour l’enfant ?
Mentir, c’est être une mauvaise mère ?

« Je m’étais dit que je serai toujours honnête avec lui et ce n’est pas possible au quotidien, ou en fonction de sa maturité par rapport à certaines choses donc… je mens « , avoue Emilie, mère d’un petit garçon de bientôt 7 ans. Les principales raisons de ses mensonges ? Ils sont similaires à ceux de nombreuses mamans : pour se faire obéir, pour le protéger, pour avoir la paix… Sacrilège ou non-événement ?

Y a-t-il des mensonges plus acceptables que d’autres, lorsqu’ils sont adressés à un enfant ?
Pendant des années avec le Père Noël, la petite souris ou les cloches de Pâques, et dernièrement, quand le chat est décédé et qu’on a prétendu qu’il était parti se promener… Les occasions de mentir à son enfant sont nombreuses, et souvent saisies sous prétexte de maintenir un peu de magie (ou d’innocence) dans le cœur des petits. A raison, pour les parents ?

« Certains mensonges sont plus acceptables que d’autres pour les enfants, notamment quand il n’y a pas de notion de gravité ou d’impact négatif sur l’enfant », concède Laurie Eghissian, psychologue clinicienne. Selon elle, les croyances évoquées sont du ressort de la magie et sans conséquence. « Plus tard, l’enfant ne vous en voudra pas de lui avoir menti », rassure-t-elle.

En revanche, la spécialiste rappelle que tous les mensonges ne se valent pas. « Pour d’autres situations, en revanche, il vaut mieux dire la vérité à l’enfant et adapter son discours en fonction de l’âge. Notamment quand il s’agit de la mort, il est préférable de dire la vérité à l’enfant, sinon il risque de nous en vouloir plus tard et de ne pas comprendre. Si je dis que le chat est parti en balade, l’enfant peut demander s’il va revenir, le chercher dans la rue… »

Quelles sont les répercussions du mensonge pour l’enfant ?
Avant d’envisager de mentir, il est nécessaire de se questionner sur les conséquences du potentiel mensonge pour l’enfant. Et cela, bien des parents n’y pensent pas, il suffit de tendre l’oreille dehors, où il n’est pas rare d’entendre des « si tu ne viens pas, je pars sans toi ». Pourtant, ce qui semble a priori n’être qu’un mensonge sous couvert de chantage sans volonté malsaine, peut avoir un impact réel. « Jouer sur la peur de l’enfant peut avoir des répercussions sur la confiance de l’enfant envers lui-même et envers le parent. Tout dépend du tempérament de l’enfant (certains savent bien que le parent raconte des « histoires » et n’ont pas peur). En revanche, sur d’autres situations, il vaut mieux « mentir » car toute vérité n’est pas bonne à dire », analyse la psychologue.

suis-je une bonne mère si je ne respecte pas mes propres règles?

article en collaboration avec magic maman

Interdire les écrans, limiter les sucreries, gronder les jurons… C’est le lot quotidien des parents. Mais comment gérer lorsqu’on ne donne pas le bon exemple aux enfants ? Quid du « droit des grands » ? Laurie Eghissian, psychologue spécialisée en périnatalité, nous éclaire.

Sommaire
Respecter les règles en présence des enfants, c’est nécessaire ?
Comment réagir lorsqu’on transgresse nos propres règles devant les enfants ?
Comment faire comprendre aux enfants le pourquoi des règles à leur encontre ?
Se sentir mauvaise mère quand on transgresse les règles

« Fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Cette réplique, on l’a bien trop entendue étant petite et, pourtant, on se surprend de plus en plus à la prononcer, ou tout du moins à la penser. Imposer des règles dans la vie des enfants, c’est nécessaire à leur éducation, à leur protection et à leur épanouissement. Pour autant, elles ne sont pas toujours faciles à faire appliquer, d’autant plus lorsqu’on les transgresse en leur présence. Oups… Difficile pour eux, de comprendre pourquoi le feu est au vert pour Maman. Heureusement, des béquilles sont à disposition.

Respecter les règles en présence des enfants, c’est nécessaire ?
« Attention aux écrans. Tablette, télé, ordinateur… Je limite leur consommation, alors que je suis la première à les utiliser. »
Claire, maman de deux garçons de 12 et 8 ans.

« Pas de téléphone après le dîner. Ils doivent le brancher et le mettre en mode avion pour la nuit. Dans les faits, cela s’applique surtout à ma fille, avec les aînés, c’est plus compliqué. En revanche, moi, je m’en sers devant eux. Je suis une adulte ! »
Audrey, maman de jumeaux de 17 ans et d’une fille de 11 ans.

Lorsqu’on impose des règles à son enfant, faut-il absolument se les appliquer, du moins en sa présence ? Pour Laurie Eghissian, psychologue clinicienne, c’est préférable. « Devant l’enfant, si l’on réussit à respecter les règles imposées, c’est toujours bénéfique pour nous et pour eux, car ils nous prennent en exemple. » Elle concède volontiers que cela dépend de la nature des règles imposées et prend le cas du temps d’écran et des réseaux sociaux, limité par le parent en fonction de l’âge de l’enfant. « Le parent connaît les dangers des écrans, mais en tant qu’adulte, nous n’allons pas forcément respecter le même temps que notre enfant, car nous n’avons pas les mêmes besoins. Je pense notamment à un parent qui travaille avec les écrans toute la journée ».

Comment réagir lorsqu’on transgresse nos propres règles devant les enfants ?
« Pas de jurons. Bien sûr ça m’échappe de temps en temps et je me reprends tout de suite après. D’ailleurs, c’est souvent ma fille qui me dit « oh la la maman tu as dit un gros mot ». »
Aude, maman d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 2 ans.

Nier son erreur, ne pas la souligner ou la reconnaître ? Pour certains parents, concéder qu’on a enfreint les règles du foyer, c’est devoir se justifier. En réalité, il s’agit plutôt de montrer l’exemple. En reconnaissant son erreur, on montre aussi la direction à son enfant. « Il est important de reconnaître que l’on a fait une erreur, que l’on n’a pas réussi à respecter la règle. Ce n’est pas grave de transgresser de temps en temps, personne n’est parfait », observe la psychologue.

Comment faire comprendre aux enfants le pourquoi des règles à leur encontre ?
« Pas trop de sucreries. Et j’attends qu’elle soit couchée pour en consommer… »
Aurélie, maman d’une fille de 6 ans.

« Non aux boissons sucrées et aux sodas. J’en bois devant eux en leur expliquant que « ce n’est pas pour les enfants ». »
Marine, maman d’un garçon de 7 ans et d’une fille de 4 ans.

Ne pas pouvoir faire tout ce qui lui passe par la tête, cela peut être contrariant pour un enfant. Selon son âge, il n’est pas forcément en mesure de comprendre et cela peut passer pour une injustice dans son esprit. D’où l’importance de prendre le temps de lui expliquer la raison des interdictions et limitations, en évoquant les conséquences sur la santé, dans le cas des restrictions alimentaires. En sus des explications, n’hésitez pas à appuyer vos propos à l’aide de support. « Le parent peut se servir de vidéos, de livres pour sensibiliser les enfants sur certains sujets, cela met un tiers aussi et ouvre la discussion, suggère Laurie Eghissian. Ce n’est pas juste maman qui a décidé que les réseaux sociaux étaient interdits au moins de 13 ans, par exemple. »

Se sentir mauvaise mère quand on transgresse les règles
Ne pas respecter les limites qu’on impose à ses enfants ne fait pas de vous une mauvaise maman. « Les mères font de leur mieux avec les différentes injonctions de la société à respecter et le modèle éducatif qu’elles ont reçu. Certains jours, on réussit à respecter ses propres règles et à d’autres moments, on lâche. Encore une fois, personne n’est parfait », rassure la psychologue. Elle conseille aux mamans de choisir les sujets prioritaires à leurs yeux, et de déterminer quelles sont les règles non-négociables. « Ne culpabilisez pas si tout n’est pas parfait et que les règles ne sont pas toujours respectées. Par exemple, les sucreries et sodas, on peut en donner aux enfants à certaines occasions. Quand on sent que l’on a transgressé ses propres règles ou bien que l’enfant nous le fait remarquer, on peut lui expliquer les raisons, être honnête avec lui et reconnaître soi-même que l’on n’a pas respecté la règle, cela permet à l’enfant de voir que nous pouvons nous tromper nous aussi en tant qu’adulte. »

suis-je une bonne mère si je laisse mon enfant dormir avec moi?

Article en collaboration avec Magic Maman

Ces mamans dorment un peu, beaucoup, voire souvent avec leurs enfants. Cela fait-il pour autant d’elles de mauvaises mères ? Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité, nous éclaire.

Sommaire
Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
« Elle a 6 ans et on dort avec elle de temps en temps pendant les vacances, elle aime bien et ça nous rappelle quand elle était toute petite. »

« Impossible de les coucher en même temps dans leur chambre partagée, donc je couche ma fille de 4 ans dans mon lit pour l’endormir. Ensuite, je la porte dans son lit mais le plus souvent, je dors avec elle. Il arrive qu’elle m’appelle la nuit, comme je n’ai alors pas à me lever pour lui répondre, je me rendors très vite et elle aussi. »

« Quand ils étaient petits, j’avais peur de leur donner de « mauvaises habitudes » et qu’ils ne réussissent plus à dormir dans leur lit. Mais maintenant, ils ont 7 et 12 ans, et j’aime bien ce petit rituel du week-end et des vacances. On regarde un film et on s’endort ensemble. J’aime bien les sentir contre moi, les renifler, c’est ma plénitude et ma récompense de la semaine. J’en profite avant qu’ils ne veuillent plus ! « 

« Je ne dors jamais avec ma fille de 4 ans et demi car elle bouge trop. Les rares fois où j’ai tenté, son père était absent, et j’ai terminé avec un pied dans la figure et sans couette… J’ai longtemps dormi avec ma maman car mon père était en déplacement toute la semaine : on faisait des roulements avec mes frères, donc ça ne me dérange pas dans l’idée, j’ai toujours trouvé ça très cool, petite ! « 

Dormir avec son enfant traduit-il un besoin particulier de la mère ?
Ces témoignages de mamans l’illustrent bien : dormir avec leur enfant est un moment chéri pour la majorité. L’occasion de partager des moments de douceur et de plénitude, que bon nombre saisissent. « C’est assez courant, tant que l’enfant est petit, car c’est une période qui passe vite et l’enfant, en grandissant, aura envie de son espace et indépendance », adoube Laurie Eghissian, psychologue. De son point de vue, cela ne traduit pas quelque chose de particulier chez la maman, bien qu’elle précise que cela dépend des mères « du besoin qu’elles ressentent, mais aussi de l’éducation qu’elles ont reçu en tant que bébé et enfant sur le sommeil. Parfois, certaines mères dorment avec leur enfant, car elles ont peur qu’il lui arrive quelque chose pendant leur sommeil, mais cela reste des cas exceptionnels ». Son conseil alors ? Consulter un professionnel de santé pour comprendre et évacuer les angoisses à ce sujet.

L’anxiété est un état qui peut motiver l’enfant à dormir avec sa maman. Lorsque la demande se répète, lui aussi peut bénéficier d’un accompagnement médical visant à soigner les raisons qui perturbent son sommeil.

Dormir avec son enfant, c’est lui donner de mauvaises habitudes ?
S’il est bien une réflexion courante, c’est celle-ci : « ne dors pas avec lui aussi souvent, tu vas lui créer de mauvaises habitudes et il ne pourra plus s’en passer ». Un point de vue très occidental, puisqu’en fonction des origines, dormir avec son enfant peut relever des mœurs. Quant aux conséquences pour l’enfant, elles ne sont pas nécessairement négatives, bien au contraire. « Je ne pense pas que dormir avec son enfant lui donne de mauvaises habitudes, tout est une question d’équilibre dans la famille, le couple, et l’important, c’est que cela convienne à la famille. Tant qu’il est petit, l’enfant va être rassuré de dormir avec son parent et cela va lui créer une base de sécurité qui lui permettra d’être plus autonome en grandissant », analyse notre intervenante.

Si dormir avec son enfant peut débuter par un besoin de réassurance, pas toujours facile de déterminer à quel moment cela bascule dans l’habitude, tant pour lui que pour sa maman. Dans le premier cas, il s’agit bien souvent de périodes particulières, comme l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille, une maladie, une séparation des parents, mais aussi des événements dont on peut sous-estimer l’impact pour un petit, tel qu’un changement de lit. « Cela peut basculer dans l’habitude pour l’enfant ou pour la maman, quand on remarque qu’il n’y a plus de problématique liée au sommeil et que cela pose problème dans la famille. La maman, en tant qu’adulte, peut s’interroger sur pourquoi l’enfant continue à dormir avec elle ? Si cela la dérange, elle ne doit pas hésiter à en parler avec un professionnel de santé pour faire le point là-dessus. Il arrive qu’on laisse les choses évoluer par habitude, sans se réinterroger », explique la psychologue.

Déplacement, séparation : quand dire stop ?
Quand papa n’est pas là (ou plus là), l’enfant n’a pas à prendre sa place : il peut garder la sienne, même en dormant avec vous. On s’explique.
Ce qui entre en jeu, c’est la raison pour laquelle l’enfant vient dormir avec son parent. « Si c’est un besoin de réassurance ponctuel, cela ne pose pas de problème particulier, mais si c’est récurrent et que l’on sent que l’enfant essaye de prendre une place qui n’est pas la sienne, par exemple un petit garçon qui dort avec sa mère quand le père n’est pas là ou parce que ses parents sont séparés et qui, inconsciemment, veut prendre la place d’homme : cela peut être problématique », poursuit la spécialiste. Idem à l’inverse : si la mère est incapable de dormir seule, elle aussi peut faire appel à un professionnel de santé pour l’aider. Il en va de son bien-être, et par ricochet, de celui de son enfant. Il n’y a aucune honte à cela.
Quant au fait de dormir avec son enfant pour avoir à éviter de se lever dans la nuit lors de ses réveils nocturnes, cela peut être une solution de facilité en cas de fatigue. Toutefois, il existe d’autres leviers à actionner afin de le rassurer. Voici ceux conseillés par Laurie Eghissian :
mettre en place des rituels de coucher,
lui proposer un environnement agréable pour dormir, via un lit confortable, un réaménagement de la chambre réalisé ensemble, une petite lumière…
consulter des professionnels (psychologue spécialisé en sommeil) pour voir quel est le problème et proposer un accompagnement adapté.
« En général, je remarque qu’il faut plusieurs semaines avec les mêmes rituels et une répétition dans le temps pour que les problématiques de sommeil rentrent dans l’ordre. Le mot d’ordre, c’est la patience même si parfois, c’est difficile ! Si on explique, que l’on répète à l’enfant que c’est important qu’il dorme dans sa chambre, que l’on est à côté et que l’on est convaincu par ce que l’on dit, cela finit par passer, mais il faut s’armer de courage et ne pas lâcher. Si on lâche, ce qui arrive, ne culpabilisez pas ».

Ne pas accepter de dormir ensemble, est-ce un souci ?
Refuser catégoriquement de dormir avec son enfant, quelle que soit la raison de sa demande, est aussi une réalité pour certains parents. Une décision à remettre en question pour le bien-être de l’enfant ? Pour notre psychologue, cela dépend de la manière dont on le fait. « Si c’est un principe non-négociable pour le parent, on peut l’expliquer à l’enfant et l’accompagner (il ne va pas dormir avec nous, mais on va l’accompagner dans le sommeil, rester près de lui dans sa chambre jusqu’à ce qu’il s’endorme). Si le parent communique sans s’énerver et avec bienveillance, ce sera ok pour l’enfant. L’important, également, c’est de s’écouter en tant que parent, si on accepte de dormir avec l’enfant alors qu’au fond de nous, ce n’est pas ok, que cela nous irrite, l’enfant le sentira et finalement, ce ne sera pas bénéfique pour lui ».

Vous l’aurez compris, votre statut de bonne mère n’est pas à revoir si vous décidez ou non de dormir avec votre enfant, tant que vous faites preuve de recul quant à vos et ses motivations à le faire, et agissez en conséquence pour son bien-être. Vous n’y parvenez pas ? L’aide d’un.e spécialiste n’est pas un signe de défaite, bien au contraire.

suis-je une bonne mère si je ne laisse pas mon enfant gagner aux jeux de société

article en collaboration avec magic maman

Pour cette maman, ne pas laisser gagner son enfant aux jeux de société fait partie de l’apprentissage, du « savoir perdre » et donc « savoir être », mais suite à des réflexions de ses proches, elle se demande si elle fait bien. Eclairage de Laurie Eghissian, psychologue clinicienne.

Sommaire
Ne pas laisser son enfant gagner systématiquement aux jeux de société, ça craint ?
Laisser son enfant perdre aux jeux, une question d’âge ?
Que faire en cas de pleurs lorsque l’enfant perd ?
« Je ne laisse pas mon enfant gagner aux jeux de société. Je me dis qu’il faut qu’elle apprenne à perdre, car la vie c’est aussi ça, ne pas toujours avoir ce qu’on veut. Mais quand je vois son état de tristesse, j’ai tendance à culpabiliser. D’autant que mon entourage me dit que j’abuse, que je pourrais la laisser gagner. Est-ce que cela fait de moi une mauvaise mère ? J’en viens à douter. » Léa, 37 ans.

Ne pas laisser son enfant gagner systématiquement aux jeux de société, ça craint ?
Bien au contraire ! Apprendre à perdre est important, et même nécessaire, comme le rappelle Laurie Eghissian, psychologue spécialisée en périnatalité : « Dans la vie quotidienne, il y a beaucoup d’occasions de ce type-là et c’est important que l’enfant y soit confronté de temps en temps. »

Quant à la crainte de lui faire perdre sa confiance en elle/lui, elle dépend du parent au moment du jeu, et de ses mots envers son enfant. « Cela ne fait pas perdre confiance à l’enfant si on lui explique, en lui disant que ce n’est grave de perdre, qu’il gagnera la prochaine fois, poursuit la spécialiste. On peut aussi lui apprendre des stratégies à mettre en place pour réussir ». Cela aussi, fait partie du jeu : l’inciter à comprendre pourquoi il a perdu, comment il aurait pu faire pour gagner, ce à quoi il devrait faire attention dans une partie… A réaliser avec un ton doux et complice. « Si on le dévalorise, qu’on se moque de lui car il perd, qu’on lui dit qu’il est nul… Effectivement, l’enfant n’aura plus confiance en lui et en ses capacités. Tout dépend donc du discours et du vocabulaire que l’on va employer. »

Laisser son enfant perdre aux jeux, une question d’âge ?
Plus l’enfant est jeune, plus la tentation de la/le laisser gagner peut être grande. Eventuellement… Si cela est réalisé ponctuellement. « Laisser gagner l’enfant de temps en temps quand il est petit pourquoi pas, mais à mon sens, si c’est systématique, le jour où il sera confronté à la perte, ses réactions émotionnelles peuvent être d’autant plus grandes et difficiles », prévient la psychologue.

Les familles ayant des enfants d’âge rapproché peuvent tenter d’alterner la gagne. Dans ce cas de figure, la spécialiste recommande « d’essayer de trouver un équilibre pour que les deux y trouvent leur compte. On peut également jouer séparément avec chacun des enfants si en fratrie c’est trop compliqué. » L’occasion de passer un moment en tête-à-tête, que l’enfant pourrait d’autant plus apprécier !

Que faire en cas de pleurs lorsque l’enfant perd ?
Pour rassurer un enfant qui pleure parce qu’il a perdu, faire preuve de compassion et de compréhension est clé. « Il faut accueillir sa tristesse. C’est normal de pleurer, d’être déçu. Puis le rassurer et l’encourager en lui disant qu’il va apprendre, qu’il va s’entraîner à ce jeu et que la prochaine fois, il y arrivera encore mieux », conclut Laurie Eghissian. Vous n’êtes donc pas une mauvaise mère si vous ne laissez pas votre gagner à un jeu, bien au contraire, vous contribuez à son apprentissage de la vie. A condition, vous l’avez désormais compris, de le rassurer, de l’encourager et de l’accompagner. A vous de jouer !

suis-je une bonne mère si je ne joue pas avec mon enfant

Article en collaboration avec le magazine magic maman

Ces mamans n’aiment pas jouer avec leurs enfants. Parce qu’ils leur imposent quoi dire et faire, qu’ils sont mauvais joueurs, qu’elles préfèrent les jeux de société à ceux d’imagination… Cela fait-il d’elles de moins bonnes mères pour autant ? Le point avec Laurie Eghissian, psychologue clinicienne.

Jouer avec son enfant n’est pas toujours une partie de plaisir pour ces mamans. Elles nous racontent :

« Je déteste lire les notices et modes d’emploi, donc quand c’est un jeu que je ne connais pas, ça me saoule vite. Et quand je joue avec ma fille, c’est toujours elle qui décide ce que je dois faire, je m’exécute plus que je ne joue. Lorsque je prends des initiatives, il lui arrive de me stopper. » Marine, maman d’un garçon de 7,5 ans et d’une fille de 4,5 ans

« J’aime bien jouer avec eux, sauf quand ma fille veut jouer à la maman et au bébé, car comme je lui dis à chaque fois, ce n’est pas un jeu, c’est ma vie. Alors elle me répond « Mais si tu fais la nounou ? » et moi, « Non c’est pareil pour moi », « Ok tu fais le bébé, tu t’allonges et je m’occupe de toi et après je vais faire les courses », « Franchement ? Non merci vraiment ». » Jeanne maman d’une fille de 4,5 ans et d’un fils de 2 ans

« J’aime bien jouer avec ma fille, mais globalement, il faut faire comme elle veut ! Je résiste, mais parfois elle déshabille toutes les Barbie que j’ai préparées et les réinstalle à sa façon pour faire autrement, donc ça m’agace. » Aurélie, maman d’une fille de 7 ans

« J’aime bien jouer aux jeux de société car il y a un cadre. Je suis moins bonne aux jeux d’imagination type Playmobil. Mais j’aime bien jouer au spa par exemple, quand ce sont des trucs concrets que je connais. » Claire, maman de deux garçons, de 13 et 8 ans

Je n’aime pas jouer avec mon enfant, ça craint pour lui ou elle ?
Jouer avec son enfant favorise son développement, tant sur le plan moteur, que social, cognitif et émotionnel. Primordial donc. Mais lorsqu’on n’a pas le goût du jeu, la crainte que cela l’affecte peut surgir. Heureusement, en réalité il n’en est rien, comme nous explique Laurie Eghissian, psychologue clinicienne spécialisée en périnatalité « nous pouvons avoir le goût pour d’autres choses et c’est cela que nous allons transmettre à l’enfant et qu’il va retenir. » Quant à l’appréhension qu’il souffre de retard, elle se veut rassurante car  » il rencontre d’autres personnes qui vont partager le jeu avec lui ».

La spécialiste rappelle que le développement de l’enfant passe aussi par son environnement. De facto, s’il va en collectivité (crèche, école, centre de loisirs…), cela va lui permettre de découvrir d’autres jeux qu’il ne fait pas à la maison et de s’enrichir avec les autres enfants et adultes qui l’entourent.

Si je ne joue pas avec mon enfant, notre lien va-t-il en pâtir ?
Dans certaines familles, un seul des deux parents joue avec l’enfant. Cela ne signifie pas que l’autre le délaisse, mais qu’il s’implique (a priori) sur d’autres pans. Un fait qu’un enfant est parfaitement capable d’assimiler, sans pour autant que le lien avec le parent qui ne joue pas ou peu avec lui, s’en trouve amoindri. « Un enfant est capable de créer un lien avec chacun de ses parents en fonction de qui est le parent. L’enfant sait qu’avec l’un, il partage certains types de jeux, et qu’avec l’autre, c’est autre chose, comme faire la cuisine, du sport, de la musique, de la lecture… », éclaire la psychologue.

Comment expliquer à mon enfant que je n’aime pas ses jeux ?
Refuser à son enfant de jouer avec lui sans lui expliquer pourquoi n’est pas constructif. Pour autant, lorsque c’est son choix de jeu qui justifie le refus, faut-il vraiment le lui dire ? Pour notre experte, ce n’est pas un problème tant que l’explication reste simple. Elle donne cet exemple : « Maman n’aime pas jouer aux legos, mais par contre, quand j’étais petite, je faisais beaucoup de puzzle. Est-ce que tu veux en faire avec moi, que je te montre ? ». Donner une explication demeure optionnel, l’alternative pouvant tout à fait se suffire à elle-même.

Lorsque ce n’est pas le choix du jeu, mais sa façon d’y jouer qui pose problème, alors la mise en place de certaines règles au préalable peut aider. « Cela peut être utile, tout comme faire participer l’enfant à la décision, pour qu’il ait envie de suivre ces règles ». Laurie Eghissian conseille alors de ne pas être trop stricte, afin que les règles aient du sens pour l’enfant et qu’elles soient constructives au quotidien. D’autant que si certains petits ont tendance à tout contrôler durant les jeux, cela peut relever de leur personnalité, mais aussi, comme la psychologue le souligne « de ce qu’ils observent du comportement de leur parent avec eux ». Miroir, mon beau miroir…

Bon à savoir

Les activités ludiques permettent de réduire le stress des enfants et celui de leur parent. « A condition qu’ils lâchent prise et puissent retrouver leur âme d’enfant », conclut la psychologue. Alors, cap ou pas cap ?

Première rentrée en primaire, au collège ou au lycée : pourquoi ces caps sont-ils si angoissants pour les parents ?

Pour les parents aussi, la rentrée scolaire peut être source de stress, qui plus est si l’enfant entame un nouveau cycle. Décryptage avec une psychologue.

Si l’automne n’arrive pas avant la fin septembre, pour beaucoup, ce mois est associé à la fin de l’été. Et pour cause : septembre est synonyme de rentrée scolaire pour des millions d’enfants. L’occasion de découvrir une nouvelle classe, un nouvel enseignant ou une nouvelle enseignante, et parfois de nouveaux camarades. Et pour certains enfants, la rentrée marque l’entrée dans un nouveau cycle, qu’il s’agisse de l’école élémentaire après la maternelle, du collège ou du lycée.

Ce cap est parfois angoissant pour l’enfant… mais aussi pour ses parents ! On a échangé à ce sujet avec Laurie Eghissian, psychologue clinicienne*, afin de comprendre ce qui peut nous angoisser et comment éviter de le faire sentir à notre enfant.

La rentrée scolaire, un motif d’angoisse pour les parents
Qu’on se le dise : ressentir du stress à l’approche de la rentrée scolaire quand on est parent, ça n’a rien d’anormal, et ce, même si ce n’est pas nous qui effectuons ce retour à l’école. « La rentrée scolaire peut être angoissante pour deux raisons principales. Si quand on était enfant, les rentrées étaient compliquées, on va avoir tendance à projeter ses propres angoisses sur notre enfant, même si lui/elle vit très bien la situation. Et dans le cas où l’enfant rencontre des difficultés à l’école, qu’elles soient scolaires, de comportement ou de relations sociales, on va appréhender la rentrée parce qu’elle signifie qu’on va de nouveau être confronté à ces difficultés après la parenthèse des vacances », explique Laurie Eghissian.

Ainsi, le fait que certains parents soient hyper angoissés à l’approche de la rentrée, tandis que d’autres vivent très bien la situation est avant tout lié à l’histoire personnelle et familiale de chacun, et à son rapport à la scolarité. « Un parent qui a aimé sa scolarité aura moins d’appréhensions et d’angoisses pour son enfant et sera en mesure de se rassurer. »

Première rentrée en primaire, au collège ou au lycée : des caps stressants
Le fait que l’enfant entre dans un nouveau cycle peut être une source d’angoisse pour les parents, même ceux qui ne sont pas d’ordinaire stressés par la rentrée : en effet, qui dit nouveau cycle dit nouvel établissement, ce qui implique généralement un changement de lieu qui peut entraîner des ajustements en termes de logistique (devoir laisser l’enfant prendre le bus quand on l’accompagnait à pied jusque-là ou avoir des enfants dans deux établissements alors qu’ils étaient dans le même par exemple).

Mais ce n’est pas tout : « L’enfant, puis l’adolescent, gagne en autonomie, et les parents ont petit à petit moins accès à ce qu’il se passe pour lui/elle, ce qui peut être frustrant et stressant, surtout quand on sait que l’enfant n’aime pas aller à l’école. » En effet, il est facile de s’imaginer le pire parce qu’on sait moins comment se passent les journées de l’enfant. Toutefois, Laurie Eghissian se veut rassurante : « Parfois, c’est l’inverse qui se produit : si la primaire a été difficile, l’entrée au collège peut permettre de rabattre les cartes et la situation peut être meilleure pour l’enfant. »

Rentrée scolaire : comment ne pas transmettre son angoisse et son stress à son enfant ?
Vous l’aurez compris, si le stress de la rentrée est commun, il faut éviter de le transmettre à son enfant, histoire de ne pas en faire un enfant stressé (ou hyper stressé s’il/elle l’était déjà). « Pour éviter de transmettre son angoisse, il est important de travailler dessus avec l’aide d’un professionnel type psychologue, sophrologue ou hypnothérapeute, afin de se sentir mieux soi-même », indique Laurie Eghissian.

Si on en ressent le besoin et que l’enfant est en âge de comprendre, on peut évidemment parler de ses angoisses avec lui/elle, mais la psychologue estime qu’il vaut mieux ne pas trop rentrer dans le détail. « Tout dépend de la situation. Si l’enfant montre des angoisses ou des difficultés, qu’elles soient d’ordre scolaire ou de harcèlement, on peut l’emmener chez un psychologue pour en discuter et l’aider à surmonter cela », conseille la psychologue. Elle ajoute que si l’on a soi-même vécu des problématiques similaires, on peut tout à fait le dire à son enfant, à condition d’apporter des solutions concrètes, par exemple en mettant des mots sur les peurs que l’on pouvait avoir et en expliquant ce que l’on faisait pour que ça aille mieux.

Mais si l’enfant ne montre pas d’angoisses particulières, la psychologue estime qu’il vaut mieux ne pas lui partager des nôtres pour ne pas lui créer de stress inutile. « On peut en revanche le/la mettre en garde sur certaines situations et lui assurer qu’il/elle peut venir nous en parler. Ainsi, si vous avez peur que votre enfant soit harcelé, ne lui dites pas « J’ai peur que tu sois harcelé.e », mais plutôt « Tu sais, à l’école on t’a parlé de harcèlement », expliquez-lui ce que c’est avec des mots qu’il/elle peut comprendre et rassurez-le « Si cela t’arrive ou arrives à un.e de tes ami.e.s, tu peux toujours venir m’en parler. »

triangulation parentale

article en collaboration avec femme actuelle

Proche de la manipulation, la triangulation parentale met l’enfant au cœur du couple, à une place qui n’est pas la sienne. Zoom sur un phénomène dangereux pour l’enfant et sa construction avec une psychologue.

L’arrivée d’un enfant dans un couple fait mathématiquement passer d’une relation à 2 à une relation à 3, ce qui peut être déroutant et entraîner des tensions dans le couple. Et même quand tout se passe bien, la dynamique avec deux adultes et un enfant nécessite des ajustements, notamment sur la ligne éducative que l’on souhaite suivre.

En effet, tous les experts de l’enfance s’accordent à dire qu’il est important que les deux parents soient unis quand il s’agit des règles à mettre en place à la maison et en dehors. Le risque, sinon ? Tomber dans un schéma de « triangulation parentale » qui n’est ni bon pour l’enfant, ni pour les parents. Explications avec Laurie Eghissian, psychologue clinicienne*.

Qu’est-ce que la triangulation parentale et comment la reconnaître ?
Comme son nom peut le laisser penser, la triangulation parentale est une forme de triangulation relationnelle, soit une relation où deux personnes font intervenir une troisième (généralement parce qu’elles ne s’entendent pas). Dans le cas de la triangulation parentale, les trois acteurs sont les deux parents et l’enfant. « Il y a deux situations possibles », commence Laurie Eghissian. « On peut avoir un enfant qui se retrouve malgré lui/elle entre ses deux parents, ou bien au contraire, un enfant qui se met volontairement entre eux pour obtenir ce qu’il/elle désire. »

La triangulation parentale à l’initiative d’un parent
On parle généralement de triangulation parentale dans un contexte de conflit, notamment dans le cas de parents séparés ou divorcés, avec une communication inexistante et un enfant qui se retrouve à devoir faire passer des messages d’un parent à l’autre (soit parce que cela lui est demandé directement, soit parce qu’il sent que c’est nécessaire), ou bien dans une situation où l’un des parents cherche à rallier l’enfant à sa cause (et l’oblige à s’opposer de facto à son autre parent). Impliquer l’autre parent quand on manque d’autorité, par exemple en menaçant de ce que cet autre parent pourrait faire dans cette situation pour se faire obéir, est également une forme de triangulation parentale.

La triangulation parentale à l’initiative de l’enfant
Mais la dynamique peut également être différente, avec des parents qui peuvent s’entendre mais ne font pas toujours front uni dans les décisions, ce que l’enfant utilise à son avantage : « Un enfant qui souhaite obtenir quelque chose peut par exemple faire la demande d’abord auprès de son père, et, si celui-ci lui dit non, aller demander la même chose à sa mère en faisant croire que le père a dit oui », explique la psychologue. Bien que le phénomène soit à l’initiative de l’enfant, on parle aussi de triangulation parentale dans la mesure où ce dernier profite de ce qu’il ressent comme une faille entre ses parents pour arriver à ses fins.

Triangulation parentale : attention à l’enfant
Qu’on se le dise : la triangulation parentale à l’initiative des parents est toujours néfaste pour l’enfant. « Quand l’enfant se retrouve à une place qui n’est pas la sienne et finit par devoir jouer le médiateur entre ses parents, il n’est pas rare qu’il entende des choses qu’il ne devrait pas entendre et qui ne le concernent pas », souligne Laurie Eghissian. L’enfant peut ainsi se retrouver malgré lui dans un rôle d’adulte, ce qui a des conséquences sur son développement personnel, et il risque de se construire avec un modèle relationnel faussé où la manipulation affective (qu’elle soit consciente ou pas) est acceptable et une façon d’obtenir ce que l’on veut. Sa façon de communiquer peut également être impactée, dans la mesure où il peut penser que pour résoudre un conflit avec quelqu’un, il est nécessaire d’impliquer quelqu’un d’autre. Enfin, il n’est pas rare que l’enfant impliqué dans des conflits ressente de la culpabilité à l’idée de devoir choisir un camp (et donc de « préférer » l’un de ses parents) et ait l’impression que le bonheur de ses parents dépend de ses décisions et de ses actes.

Et dans le cas d’une triangulation parentale à l’initiative de l’enfant ? Si elle a moins de conséquences négatives pour l’enfant, elle n’est pas idéale non plus car elle correspond à de la manipulation et ne doit pas devenir la norme pour l’enfant qui cherche à obtenir quelque chose (et qui risque de faire face à des personnes nettement moins clémentes que ses parents s’il reproduit ce comportement plus tard).

Comment éviter le phénomène de triangulation parentale ?
Si le phénomène n’est pas exceptionnel (on y a tous déjà eu recours), la triangulation parentale doit être évitée au maximum. « Si en tant que parents on utilise ce mode de fonctionnement et que l’on s’en rend compte, il est conseillé de demander l’aide d’un tiers, par exemple dans le cas d’une situation conflictuelle un médiateur, un juge pour enfants ou un.e psychologue », conseille Laurie Eghissian.

« Dans le cas où l’enfant utilise ce fonctionnement, il est important que le parent le remarque et puisse en parler à l’enfant afin de lui expliquer pourquoi ce n’est pas bien », indique-t-elle, précisant que si cette discussion vous semble difficile, il est tout à fait possible de demander de l’aide à un professionnel pour y arriver.

  • Merci à Laurie Eghissian, psychologue clinicienne, spécialiste de la parentalité et de la petite enfance à Boulogne-Billancourt.

complexe d’oedipe chez l’enfant

article en collaboration pour femme actuelle

Être amoureux du parent du sexe opposé et être en conflit avec le parent du même sexe, c’est le principe du complexe d’Œdipe, qui touche les jeunes enfants. On fait le point avec une psychologue.

Que ce soit pendant la grossesse ou à la naissance d’un enfant, l’annonce de son sexe s’accompagne souvent de remarques telles que : « Oh, un petit garçon, tu vas voir, c’est super, il va être super proche de toi ! » ou au contraire de « Une petite fille ? Dommage, elle va n’avoir d’yeux que pour son papa ! ».

Derrière ces remarques (souvent énervantes, si on peut se permettre), il y a une théorie : les petits garçons seraient amoureux de leur mère et les petites filles de leur père. Plus précisément, il s’agit d’un concept appelé le complexe d’Œdipe ou l’Œdipe. Laurie Eghissian, psychologue clinicienne, nous explique l’origine du complexe d’Œdipe et les réflexes à adopter en tant que parents.

Définition, signification, histoire, mythologie : c’est quoi le complexe d’Œdipe en psychologie ?

« Le complexe d’Œdipe vient de la mythologie grecque, plus précisément du mythe d’Œdipe, dans lequel le personnage va, sans les reconnaître, tuer son père et épouser sa mère », commence Laurie Eghissian. « C’est le psychanalyste Sigmund Freud qui a théorisé cette notion de relation triangulaire de l’enfant avec les parents dans les années 1900 : les petits garçons seraient amoureux de leur mère et les petites filles amoureuses de leur père, l’enfant voulant évincer le parent du même sexe et se marier avec celui du sexe opposé.«  Le complexe d’Œdipe relève ainsi d’un désir inconscient qui fait partie des grandes étapes de l’éveil à la sexualité.

Complexe d’Œdipe : à quel âge peut-il se manifester ?

La psychologue indique que « la plupart des enfants peuvent avoir un passage autour du complexe d’Œdipe, sans différence notoire entre garçons et filles », qui se manifeste la plupart du temps vers l’âge de 3 ans avec la découverte de la différence des sexes et le questionnement qui va avec. Chez les petites filles, le terme « complexe d’Électre » (théorisé par le psychanalyste Carl Jung et également issu de la mythologie grecque) est parfois employé pour évoquer un complexe d’Œdipe inversé, mais il n’est pas reconnu par les professionnels de la santé mentale.

Bon à savoir : Laurie Eghissian précise que l’on parle beaucoup moins du complexe d’Œdipe aujourd’hui, dans la mesure où l’on « remet beaucoup en cause les théories de Freud et que celles-ci sont parfois obsolètes puisque datant du début du 20e siècle. »

Complexe d’Œdipe : comment réagir en tant que parent ?

Face à un enfant qui manifeste un attachement démesuré au parent du sexe opposé, il peut être difficile de savoir comment réagir. « Le mieux à mon sens est d’entendre ce que dit l’enfant et de ne pas se moquer de lui« , répond Laurie Eghissian, qui estime que le sujet peut permettre d’aborder avec l’enfant les notions de rapport amoureux mais aussi de l’interdit de l’inceste, en adaptant bien sûr le discours à son âge. « Il faut lui dire de manière simple qu’il ou elle ne peut pas se marier avec sa maman ou son papa car le mariage se passe entre deux adultes. »

La psychologue insiste sur le fait qu’il faut « éviter par contre d’en faire un combat », notamment en s’entêtant à détromper l’enfant, dans la mesure où c’est une phase tout à fait normale de la constitution de la personnalité, et qu’à l’âge adulte il/elle aura oublié.

Qu’est-ce qui met fin au complexe d’Œdipe ? Comment le résoudre ?

Pour la psychologue, l’entrée à l’école primaire et « ce qu’on appelle l’âge de raison vers 7 ans » met généralement fin au complexe d’Œdipe. « Si l’on a l’impression que le complexe d’Œdipe ne se résout pas spontanément, on peut consulter un.e psychologue qui en tant que personne tierce et neutre peut expliquer et reprendre les notions avec l’enfant », indique-t-elle.

Un complexe d’Œdipe qui dure s’explique souvent en regardant la composition de la famille, affirme Laurie Eghissian : « Il est important de prêter attention à la santé du couple parental et à ce que disent les parents face à l’enfant. Si le couple se dispute beaucoup et que l’un des deux dénigre l’autre, l’enfant peut penser qu’il y a une place à prendre et s’opposer au parent du même sexe. Là encore, se faire aider par un.e professionnel.le pour comprendre ce que pense l’enfant peut être nécessaire. »

angoisse de séparation et sommeil du bébé

La séparation entre un bébé et ses parents n’est pas toujours facile… notamment au moment du coucher. Une psychologue nous explique le phénomène de l’angoisse de séparation et le bon réflexe à adopter pour faciliter les choses et favoriser le bien-être de Bébé.

Lors de ses premiers mois de vie, un bébé passe généralement la plupart de son temps avec l’un de ses parents, qui devient alors sa figure d’attachement. Et quand ce parent doit reprendre le travail au bout de quelques mois, la mise en place d’un mode de garde (qu’il s’agisse de la crèche ou d’une assistante maternelle) conduit de facto à une séparation entre Bébé et sa figure d’attachement et peut être difficile. C’est ce qu’on appelle l’angoisse de séparation (et de nombreux parents en ont déjà fait l’expérience).

On a voulu en savoir plus sur l’impact de ce trouble anxieux sur le sommeil de BébéLaurie Eghissian, psychologue clinicienne, nous dit tout sur l’angoisse de séparation et comment éviter qu’il ne pèse sur les nuits de votre enfant.

Angoisse de séparation chez bébé : comment la reconnaître ?

« On appelle angoisse de séparation ou anxiété de séparation le fait que lorsque l’enfant quitte son parent figure d’attachement et ne le voit plus, cela se traduit par des pleurs intenses« , explique Laurie Eghissian, qui ajoute que lorsque Bébé se retrouve en présence d’inconnus ou avec des personnes qu’il/elle ne voit pas souvent (il peut s’agir des grands-parents, d’un.e baby-sitter…), il/elle pleure également.

A quel âge l’angoisse de séparation apparaît et quand s’arrête-t-elle ?

L’angoisse de séparation est d’ailleurs aussi appelée angoisse du huitième mois car « elle apparaît vers l’âge de 8 mois et l’on s’est rendu compte dans les études scientifiques que sur le plan sensoriel, cela correspond à l’âge où l’enfant a une bonne vision des personnes et qu’il/elle se rendrait compte des visages connus et inconnus ».

La psychologue admet que beaucoup de bébés connaissent ce trouble anxieux, mais qu’il n’est pas obligatoire de passer par cette phase et que « bien heureusement, il arrive de moins en moins car on tient plus compte de cette peur qu’avant et qu’on explique au bébé ce qu’il va se passer, notamment via des phases d’adaptation sur plusieurs jours avec le parent et la personne qui va le garder ».

Angoisse de séparation la nuit : l’importance des rituels de coucher pour favoriser le sommeil

Pour notre experte, le moment du coucher est effectivement propice à l’anxiété de séparation et peut impacter le sommeil de Bébé si la séparation n’a pas été assez préparée. « De nombreux bébés ont besoin de rituels du coucher répétitifs comme lire une histoire, écouter une musique ou encore allumer une veilleuse, sans quoi ils ne sont pas prêts », indique-t-elle, bien que chaque bébé soit différent et n’ait pas les mêmes besoins en termes de préparation à la séparation.

Laurie Eghissian estime que l’angoisse de séparation peut également se produire chez des enfants qui n’ont habituellement pas de problème à se mettre au lit « si la séparation a été brutale et n’a pas pu être anticipée, notamment dans le cas d’un accident de la vie ou de la maladie d’un parent ».

Comment calmer l’angoisse de séparation ?

Qu’elle se produise la journée ou le soir, il n’y qu’une façon de calmer une anxiété de séparation : « Pour aider Bébé à surmonter cette expérience, il faut communiquer avec lui, lui parler et lui expliquer ce qu’il va se passer et mettre des mots sur les émotions qu’il manifeste et ressent. » Dans la mesure du possible, la psychologue conseille de préparer les séparations avec des rituels et des objets, notamment un doudou, et rassure sur le fait que ce trouble anxieux se résout en général avec le temps.

Si toutefois il persiste et devient handicapant (par exemple dans le cas d’un bébé qui pleure toute la journée dans son mode de garde), alors elle recommande de consulter le/la pédiatre de l’enfant ou un.e psychologue afin de trouver d’où vient le problème.